dimanche 30 mars 2014

Les Masques de Nyarlathothep - Notes du journal de Lisa Mary Jane Evans

Compte-rendu de la 6° partie des Masques de Nyarlathotep. L'état de santé d'Angela Hopper ne lui permet plus de tenir ses notes à jour. Voici les extraits du journal de Lisa Mary Jane Evans


Jeudi 12 février 1925

Suite à notre mésaventure avec ce fou de Shipley, Gary nous convainc de se pencher sur les affaires qui se trament autour de La Pyramide Bleue. Je le suspecte de s’intéresser davantage à cette Yalesha, cette fille qui m’a l’air de petite vertu, mais soit, nous ne pouvons laisser de côté cette piste.
C’est ainsi que le soir même, nous décidons d’un plan pour observer ce qui se passe autour du club : Angela et moi restons dans la voiture dans une rue perpendiculaire à celle de la Pyramide Bleue, tandis que Gary observe discrètement les allers et venues à l’angle de la rue. Nous convenons d’un signal d’alerte à l’arrivée du camion.
Comme décrit par Yalesha, un petit camion s’approche de la Pyramide Bleue aux alentours de minuit. La nuit empêche Gary de distinguer les visages mais il est clair que quelque chose de louche se tisse autour de ce club !

Le camion repartant, je démarre la Ford pour le prendre en filature, après avoir récupéré Gary. Il nous conduit en dehors de la ville, en direction du nord-est, jusqu’à une petite ville de bord de mer, Clacton-on-Sea, à plus de 2 h de Londres.
Ces petites routes sont certainement plaisantes en journée, mais se révèlent fort pénibles la nuit, et la fatigue m’étreignant, je commence à désespérer de cette poursuite, quand tout à coup, le camion emprunte un petit chemin de terre qui mène à une grille et à un long mur. Je stoppe la voiture au bord du chemin pour ne pas nous faire remarquer. Constatant que le camion avait franchi la grille, nous tentons une approche afin de voir éventuellement un nom sur une boite aux lettres ou sur une plaque.
J’ai bien peur qu’une fois de plus,  nous n’ayons pas été très discret, et nous avons juste le temps de nous dissimuler dans les arbustes lorsque des individus ouvrent la grille et marmonnent quelques mots en arabe qui me semblent être de l’égyptien. Une fois partis, nous parvenons à approcher la grille et apercevons le nom de « Villa Misr » (je reconnais le terme égyptien pour nommer l’Egypte).
Gary, toujours en quête d’action, a particulièrement envie d’entrer dans la propriété mais Angela et moi sommes un peu refroidies et surtout non armées !
Malgré la frustration de Gary, nous repartons dans la ville de Clacton-on-Sea et prenons un hôtel pour le reste de la nuit.

Promenade de bord de mer à Clacton-on-Sea

Vendredi 13 février 1925

Après une courte nuit, nous profitons du petit déjeuner pour discuter avec notre hôte de la mystérieuse propriété. Angela est, comme à son habitude, particulièrement habile pour entamer la conversation et l’hôtelier nous apprend qu’il s’agit d’un vieux manoir, entouré de marais qui bordent le long de mer. Il appartenait à la famille Walton mais a été racheté récemment.
Je lui fais part de mon intérêt pour cette demeure et il nous conseille d’aller à l’administration du district pour glaner plus d’informations. L’employée nous apprend qu’il a été acheté il y a 2 ans par E. Gavigan, au nom semble-t-il de la Fraternité du Pharaon Noir  !! Le misérable !! Le scélérat !!
Ni une ni deux, nous nous adressons au chief constable de la police locale mais impossible de faire entendre raison à ces agents qui sont, somme toute, assez ruraux. Il faut passer par Scotland Yard. Malgré nos doutes sur la loyauté de Barrington, nous l’appelons pour lui donner nos dernières informations.

En attendant la réaction de Scotland Yard, nous profitons de cette belle journée et de l’air marin pour louer une  petite barque afin de découvrir les marais et approcher les environs de la maison.
Je dois avouer que ces marais ont leur charme et nous profitons de la promenade jusqu’au moment où nous apercevons une île habitée. Elle est reliée  à un autre rivage par un ponton où une navette est attachée. Une magnifique demeure, qui semble correspondre à la description de Walton House, se discerne entre les arbres. Nous remarquons rapidement qu’au moins deux personnes travaillent dehors.


La Maison Misr (ex Walton House) (Metropolitan Police archives)

Je ne sais ce qui nous a poussé à nous jeter dans la gueule du loup mais nous décidons d’accoster sur l’île, à l’abri de quelques buissons.
Une fois de plus, notre maladresse nous coûte cher et les personnes qui s’affairaient à l’extérieur du manoir s’approchent de nous. Prise de panique et inconsciente du danger, je sors du buisson en prenant mon air le plus détaché et bourgeois, tout en interpellant les personnes du manoir. Pendant ce temps, Gary reste planqué et Angela file discrètement le long de la plage.
Malheureusement, les employés sont beaucoup plus agressifs que je ne l’imaginais et après leur avoir adressé quelques mots, l’un d’eux s’approche de moi et me plante un coup de couteau dans le ventre sans que je ne puisse réagir. Je ne saurai décrire la douleur que je ressentis à ce moment là ; tout se troubla. Je compris cependant que Gary et Angela répliquèrent à l’agression mais malheureusement l’ennemi était davantage armé qu’eux. S’en suivit une bagarre à laquelle j’assistai impuissante, la douleur envahissant mon ventre, et m’évanouis.


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Une odeur de terre battue et d’humidité me réveille, mes yeux sont troubles, mon ventre est affamé et je sens que mes mains sont ligotées dans mon dos. Ma vue se faisant plus nette, j’aperçois Angela et Gary dans la même position que moi. Je remarque que ma plaie a été soignée et nous sommes miraculeusement sains et saufs. Une jeune femme se trouve avec nous dans la cellule, elle aussi ligotée et nous dit qu’elle s’appelle Mary Tomescu. Ces derniers souvenirs la ramènent à la fondation Penhew où elle a été probablement assommée, alors qu’elle était à la recherche d’ouvrages d’égyptologie pour la librairie dans laquelle elle travaille. Puis elle s’est réveillée ici en notre compagnie.

Angela remarque que les cordes qui lui lient les mains ne sont pas serrées. Elle parvient à sortir un scalpel qu’elle avait toujours sur elle. Nous voilà libérés de nos liens ! Cette femme est décidément pleine de ressources !
Nous mettons en place un stratagème pour nous sortir de cette cellule. J’appelle à l’aide en disant que ma blessure me fait mal et que je suis assoiffée. Un homme arrive et a juste le temps de se pencher sur moi que Gary l’étrangle avec ses lacets de chaussure, Angela lui plaque ses mains sur la bouche pour qu’il n’hurle pas tandis que je lui donne un coup de pied bien placé. Notre  homme maîtrisé, nous le bâillonnons, et l’emprisonnons dans la cellule.

Une exploration rapide des lieux nous fait comprendre que nous sommes probablement dans le sous-sol du manoir. Par chance, il n’y avait qu’un seul garde. Plusieurs cellules se succèdent mais une pièce différente attire notre attention où nous trouvons plusieurs objets, certains d’origine égyptienne (des poignards, des vêtements cérémoniels), des livres d’occultisme (dont « Secret Societies of Old Ages and Countries » que nous prenons avec nous) et un petit cahier inventoriant un commerce d’objets d’art dont je m’empare.
Tout à coup, des bruits de tambour résonnent à l’extérieur et semblent s’approcher de la maison. Pris de panique, nous cherchons une sortie qui nous mène dans un grand salon. En regardant par les fenêtres, nous entrevoyons ce qui pourrait s’apparenter à une cérémonie : un grand foyer entouré d’une série de poteaux sur lesquels nous distinguons des silhouettes, nues, les jambes écartées. Plusieurs dizaines de personnes sont réunies autour, chantent et psalmodient, se tournant vers ce qui ressemble à une grande forme humaine, tenant une croix ansée dans une main et un sceptre dans l’autre. Je ne sais si ma captivité m’a joué de mauvais tours, mais je jurerais avoir vu des formes reptiliennes en train de se dresser, prenant une forme humanoïde et tentant un accouplement avec les prisonniers.

A la fois dégoûtés et affolés, nous décidons de sortir rapidement par une fenêtre, à l’opposé de la cérémonie. Malheureusement, à l’emplacement où nous avions laissé notre barque, nous constatons avec effroi qu’elle ne s’y trouve plus. En revenant sur nos pas, deux puis quatre individus rodent de ce côté du manoir, armés de gourdins. Au même moment, il me semble qu’une grande lueur blanche est en train de former un dôme sur l’île.
Pris de panique, je vois Angela se jeter à l’eau et nous nous empressons de la suivre. Autant dire que ces marais sont immondes. Les branchages, la boue et la vase rendent très difficiles la nage et avancer dans ces marais s’avère être un véritable calvaire. A tel point que notre équipe se retrouve séparée : Angela et Mary, fatiguées,  se réfugient dans des broussailles et hautes fougères, tandis que nous essayons d’atteindre l’île la plus proche avec Gary. Le bruit de moteur d’une navette nous alerte et Gary décide de rebrousser chemin pour aider Angela et Mary. La navette passe, fort heureusement, devant Angela et Mary sans les apercevoir, tandis que Gary, n’écoutant que son courage, s’accroche à la navette.
Pendant ce temps, j’atteints la rive d’une autre île. J’assiste alors à une lutte sans merci entre Gary et les deux individus armés de gourdin.  Gary parvient à se débarrasser de ses deux ennemis mais touché, tombe à l’eau et semble évanoui. Je nage vers lui et parvins, non sans difficultés, à le ramener à terre. Impuissante, je n’ose abandonner Gary pour chercher du secours. C’est alors que, pris au dépourvus, un coup de lampe torche nous éclaire et je reconnais Barrington et ses hommes. Nous voilà en partie sauvés !

Pendant ce temps, Angela et Mary essaient de rejoindre le ponton. Je ne sais quelle force a poussé Angela à regarder du côté de la cérémonie : elle aurait aperçu des formes fantomatiques, des choses ailées qui copulent avec les humains. Mais je crois que la pauvre est en plein délire, ce sont les seules explications que nous aurons, Mary n’ayant rien vu. Je ne reconnais plus cette chère Angela, son regard autrefois si vif, si acéré, est aujourd’hui complètement vide, comme perdu.
Mary nous relate les faits qui suivirent : les policiers de Scotland Yard seraient arrivés très rapidement et auraient tiré sur l’assemblée cérémonielle.

Vendredi 20 février

A Scotland Yard, Barrington nous informe que l’affaire est classée. Le manoir a pris feu, plus aucune trace ne persiste de l’incident. L’enquête est close pour Scotland Yard. Ce fourbe de Gavigan est introuvable…et la fondation Penhew reste hors du scandale pour Barrington.

Consternés, nous laissons Angela et Mary se reposer et nous partons avec Gary sur les docks où le Vent d’Ivoire est toujours à quai, pour une période indéterminée. Nous ne guetterons pas son départ et décidons de partir pour Shanghai quand Angela ira mieux.
Fatiguée, je ne songe qu’à me changer et à retourner à la pension où Miss Cunighan nous recevra certainement comme elle sait si bien le faire. Mais arrivés là-bas, c’est un nouveau drame qui nous accueille : la pension a été pillée, Miss Cunighan est effondrée. Nous faisons un point sur nos affaires qui semblent au complet, mis à part les photographies du Livre d’Ivon qui sont, par je ne sais quel procédé, mystérieusement noircies.

[Fin de la partie le 20/02/1925]

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