Une fois les dépositions prises
par Scotland Yard, Lisa, Angela, Gary et Mary sont rendus à leur liberté. Pour
Barrington, l’affaire des Meurtres à Soho qui déclenchait les gros titres de la
presse à scandale est réglée. Sa version donnée à la presse est celle d’une
affaire mêlant scandale sexuel et financier, traite des blanches et bourgeoisie
aux mœurs inavouables. E. Gavigan, propriétaire du manoir où se déroulaient les
réunions orgiaques, est absent de Londres et n’a pu être entendu par la police.
S’il semble lié à cette affaire, aucun élément ne semble associer avec
certitude la fondation Penhew aux agissements de ces individus.
L’état psychologique d’Angela
fait craindre le pire à ses compagnons. Ses crises d’angoisse sont quasiment
continues depuis leur retour à Londres et il faut lui retirer tout objet
pouvant faire office de stylet au risque de lire des glyphes inconnus gravés
sur les bancs publics londoniens ou les meubles de sa chambre. Ses yeux creusés
et sa peau blanchâtre attestent de longues nuits d’insomnie, durant lesquelles
son esprit harcelé est en proie à des pensées malveillantes nées d’un demi-sommeil
hallucinatoire. Lisa et Gary préfèrent éloigner Angela des lieux et des
lectures qui ont dû la traumatiser. Quant à Mary, elle rejoint sa librairie
londonienne, après avoir été informée par Lisa de la raison de leur présence à
Londres et des doutes qu’ils ont sur la réalité du mal auquel ils ont été
confrontés. Les deux femmes, liées par la souffrance et l’angoisse de
l’enfermement dans les souterrains de la Maison Misr, ont décidé de rester en
contact.
Eastbourne Pier
Lisa et Gary décident de
rejoindre Eastbourne, à proximité de Brighton, et de confier Angela à une
maison de repos, réputée, située non loin de la station balnéaire, The Burlington Manor. A Eastbourne, Gary
et Lisa y trouvent ce qu’ils recherchaient : du calme, loin de l’agitation
londonienne, pour accompagner Angela dans son repos, des clubs de sport pour
s’entraîner au tir et des hôtels déserts en cette morte saison pour pouvoir
reprendre l’étude des textes impies en leur possession et préparer un long
voyage jusqu’à Shangaï, étape importante du voyage de J. Elias et où diverses pistes convergent (trafic d'objets rares, J. Brady aurait été aperçu en Chine ...).
La chambre d’Angela est vaste,
colorée et fleurie. En retrait de la côte, au milieu des prairies de la
campagne du Sussex, la belle maison victorienne ouvre vers le sud, dominant les
étendues de plage d’Eastbourne. Les soins prodigués par le docteur Albert
Easley consistent en cures de repos forcées par la prise de barbituriques et des
comas insuliniques, particulièrement recommandés dans le cas de troubles
schizophréniques graves. Après deux mois de soin, l’état d’Angela se stabilise.
Albert Easley souhaite la conserver au repos encore quelques semaines de plus. En
effet des symptômes l’intriguent. Outre les glyphes qu’Angela continue de
dessiner à la craie sur les murs de sa chambre, mais qui semblent inoffensifs
pour le corps médical, dans son attitude ses proches ont remarqué un
détachement inhabituel par rapport aux contingences matérielles. Il s’agit
peut-être d’un effet secondaire des comas forcés et de la prise quotidienne de
barbituriques. Toutefois, ses nuits sont plus paisibles et son corps est reposé.
La quiétude de la campagne anglaise a semble-t-il été réparatrice, avec les
déjeuners printaniers sur la terrasse, les longues siestes et les soirées consacrées
à la musique de chambre et à la lecture des romans anglais du XIXe (ses
compagnons ont pris soin d’expurger la liste des ouvrages autorisés les œuvres des Shelley, des Brontë et Byron, en ne conservant que Walter Scott).
Quant à Lisa et Gary, logés au Grand Hotel, ils bénéficient du luxe et
des services de ce genre d’établissement. Ils se sont tout d’abord inscrits
dans un club de sport, s’exerçant au tir et s’initiant à l’escrime, et ont pu
prendre tous les renseignements nécessaires pour préparer leur départ pour Shangaï. Dès que l’état d’Angela s’améliore
et qu’une date de sortie est avancée par le corps médical, Lisa et Gary réservent leurs places à bord du
paquebot The Britannic, qui quitte
Southampton le lundi 25 mai en direction de Hong-Kong, de là ils pourront
rejoindre Shangaï. L’arrivée est prévue aux alentours du samedi 22 juin.
Lisa a profité du calme et du
secret qu’accordent ces établissements pour se plonger dans la lecture des
ouvrages et des clichés en sa possession. A son grand désarroi, elle constate
que la dégradation des clichés du Livre
d’Ivon progresse. Tous les positifs sont touchés au même rythme que les
négatifs. Plusieurs dizaines sont encore partiellement lisibles mais ce sont
des paragraphes le plus souvent incomplets et sans suite annihilant toute
exploitation des documents. En revanche, les clichés du Manuscrit Pnakotique sont toujours lisibles, mais Lisa en
entreprend la lecture fébrilement après avoir reconnu, en marge du texte, les
glyphes que dessine Angela depuis quelques semaines. Les fragments décrivent certains
mythes des continents perdus d’Hyperborée et d’Atlantis. Tous ces éléments
semblent décrire l’apparition de l’humanité et s’inscrivent en faux, point par
point, avec les textes bibliques et les théories Darwiniennes. Un extrait fait
frémir Lisa qui consacre plusieurs nuits à l’analyser et à le recouper avec
d’autres : « Et l’homme, après sa
naissance, arpentait la surface de la Terre, stupide et nu. Les Êtres Ailés
descendirent du ciel pour nous apporter la connaissance qui nous manquait, ce
que nous ne savions pas. » Les tentatives de déchiffrage du Livre d’Ivon et l’étude des autres
clichés du Manuscrit ont accaparé
l’attention de Lisa, nourrissant d’inquiétude Gary qui la voyait disparaître
pendant une ou deux journées. Elle se réserve pour le voyage l’étude de
l’ouvrage volé à la Maison Misr intitulé Sociétés
secrètes de tous les âges et des tous les pays.
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