samedi 5 avril 2014

Les Masques de Nyarlathothep - intermède entre Londres et Shangaï


Une fois les dépositions prises par Scotland Yard, Lisa, Angela, Gary et Mary sont rendus à leur liberté. Pour Barrington, l’affaire des Meurtres à Soho qui déclenchait les gros titres de la presse à scandale est réglée. Sa version donnée à la presse est celle d’une affaire mêlant scandale sexuel et financier, traite des blanches et bourgeoisie aux mœurs inavouables. E. Gavigan, propriétaire du manoir où se déroulaient les réunions orgiaques, est absent de Londres et n’a pu être entendu par la police. S’il semble lié à cette affaire, aucun élément ne semble associer avec certitude la fondation Penhew aux agissements de ces individus.

L’état psychologique d’Angela fait craindre le pire à ses compagnons. Ses crises d’angoisse sont quasiment continues depuis leur retour à Londres et il faut lui retirer tout objet pouvant faire office de stylet au risque de lire des glyphes inconnus gravés sur les bancs publics londoniens ou les meubles de sa chambre. Ses yeux creusés et sa peau blanchâtre attestent de longues nuits d’insomnie, durant lesquelles son esprit harcelé est en proie à des pensées malveillantes nées d’un demi-sommeil hallucinatoire. Lisa et Gary préfèrent éloigner Angela des lieux et des lectures qui ont dû la traumatiser. Quant à Mary, elle rejoint sa librairie londonienne, après avoir été informée par Lisa de la raison de leur présence à Londres et des doutes qu’ils ont sur la réalité du mal auquel ils ont été confrontés. Les deux femmes, liées par la souffrance et l’angoisse de l’enfermement dans les souterrains de la Maison Misr, ont décidé de rester en contact.

Eastbourne Pier

Lisa et Gary décident de rejoindre Eastbourne, à proximité de Brighton, et de confier Angela à une maison de repos, réputée, située non loin de la station balnéaire, The Burlington Manor. A Eastbourne, Gary et Lisa y trouvent ce qu’ils recherchaient : du calme, loin de l’agitation londonienne, pour accompagner Angela dans son repos, des clubs de sport pour s’entraîner au tir et des hôtels déserts en cette morte saison pour pouvoir reprendre l’étude des textes impies en leur possession et préparer un long voyage jusqu’à Shangaï, étape importante du voyage de J. Elias et où diverses pistes convergent (trafic d'objets rares, J. Brady aurait été aperçu en Chine ...).

La chambre d’Angela est vaste, colorée et fleurie. En retrait de la côte, au milieu des prairies de la campagne du Sussex, la belle maison victorienne ouvre vers le sud, dominant les étendues de plage d’Eastbourne. Les soins prodigués par le docteur Albert Easley consistent en cures de repos forcées par la prise de barbituriques et des comas insuliniques, particulièrement recommandés dans le cas de troubles schizophréniques graves. Après deux mois de soin, l’état d’Angela se stabilise. Albert Easley souhaite la conserver au repos encore quelques semaines de plus. En effet des symptômes l’intriguent. Outre les glyphes qu’Angela continue de dessiner à la craie sur les murs de sa chambre, mais qui semblent inoffensifs pour le corps médical, dans son attitude ses proches ont remarqué un détachement inhabituel par rapport aux contingences matérielles. Il s’agit peut-être d’un effet secondaire des comas forcés et de la prise quotidienne de barbituriques. Toutefois, ses nuits sont plus paisibles et son corps est reposé. La quiétude de la campagne anglaise a semble-t-il été réparatrice, avec les déjeuners printaniers sur la terrasse, les longues siestes et les soirées consacrées à la musique de chambre et à la lecture des romans anglais du XIXe (ses compagnons ont pris soin d’expurger la liste des ouvrages autorisés les œuvres des Shelley, des Brontë et Byron, en ne conservant que Walter Scott).

Quant à Lisa et Gary, logés au Grand Hotel, ils bénéficient du luxe et des services de ce genre d’établissement. Ils se sont tout d’abord inscrits dans un club de sport, s’exerçant au tir et s’initiant à l’escrime, et ont pu prendre tous les renseignements nécessaires pour préparer leur départ pour  Shangaï. Dès que l’état d’Angela s’améliore et qu’une date de sortie est avancée par le corps médical,  Lisa et Gary réservent leurs places à bord du paquebot The Britannic, qui quitte Southampton le lundi 25 mai en direction de Hong-Kong, de là ils pourront rejoindre Shangaï. L’arrivée est prévue aux alentours du samedi 22 juin.

Lisa a profité du calme et du secret qu’accordent ces établissements pour se plonger dans la lecture des ouvrages et des clichés en sa possession. A son grand désarroi, elle constate que la dégradation des clichés du Livre d’Ivon progresse. Tous les positifs sont touchés au même rythme que les négatifs. Plusieurs dizaines sont encore partiellement lisibles mais ce sont des paragraphes le plus souvent incomplets et sans suite annihilant toute exploitation des documents. En revanche, les clichés du Manuscrit Pnakotique sont toujours lisibles, mais Lisa en entreprend la lecture fébrilement après avoir reconnu, en marge du texte, les glyphes que dessine Angela depuis quelques semaines. Les fragments décrivent certains mythes des continents perdus d’Hyperborée et d’Atlantis. Tous ces éléments semblent décrire l’apparition de l’humanité et s’inscrivent en faux, point par point, avec les textes bibliques et les théories Darwiniennes. Un extrait fait frémir Lisa qui consacre plusieurs nuits à l’analyser et à le recouper avec d’autres : « Et l’homme, après sa naissance, arpentait la surface de la Terre, stupide et nu. Les Êtres Ailés descendirent du ciel pour nous apporter la connaissance qui nous manquait, ce que nous ne savions pas. » Les tentatives de déchiffrage du Livre d’Ivon et l’étude des autres clichés du Manuscrit ont accaparé l’attention de Lisa, nourrissant d’inquiétude Gary qui la voyait disparaître pendant une ou deux journées. Elle se réserve pour le voyage l’étude de l’ouvrage volé à la Maison Misr intitulé Sociétés secrètes de tous les âges et des tous les pays.

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