lundi 11 novembre 2013

Les Masques de Nyarlathothep - les notes d'Angela Hopper - partie 2

Ma très chère Anna,

C'est le cœur lourd que je t'écris, cette missive est porteuse de bien tristes nouvelles. Notre cousin... ce cher Mickael... je suis désolée Anna... Tout est de ma faute...
Nous avons cru pouvoir jouer aux justiciers et punir les monstres qui ont assassiné Elias. Nos recherches avançaient si vite, je regrette maintenant notre manque de prudence...
Mais je dois d'abord t'expliquer comment tout a dérapé. Une conversation téléphonique avec Kensington nous permit d'éclaircir quelques détails sur lesquels nous butions. Nous savons désormais que le Scoop est un organe de presse anglaise, où travaille un certain M. Mahoney.
Quand à J. Barrington, il s'agit d'un inspecteur de Scotland Yard. Si on ajoute  la fondation Penhew au 25 Tottenham Court Road à Londres, tout semble nous conduire chez nos voisins anglais !

Le mauvais temps du mardi 20 ne nous empêcha pas d'aller interroger Emerson, directement à ses entrepôts. Bien entendu, Mickael y alla seul et fit valoir son statut d'inspecteur pour obtenir des réponses. Bien qu'il ne soit pas officiellement chargé de l'enquête, le stratagème fonctionna à merveille. Emerson lui révéla qu'il avait vu Elias la semaine dernière. Notre ami faisait le tour des importateurs en relation avec Mombasa. On apprit qu'un certain Ahja Singh lui servait de contact sur l'autre continent, Emerson servant d'intermédiaire entre Elias et Silas de la boutique Ju-Ju. Il nous signala par ailleurs qu'Elias fut plus qu'enthousiaste quand on lui parla de cette boutique.
Emerson lui remit enfin une liste de marchandises qu'Elias avait lui-même consultée. Elle indique les échanges entre la boutique Ju-Ju et Mombasa.

Une nouvelle visite chez Silas nous confirma son partenariat avec Ahja. Malgré tout il nia avoir jamais rencontré Elias. Il nous précisa qu'il n'avait pas eu à faire de commande spécifique et nous éclaira sur les marchandises qui avaient retenu notre attention dans le document d'Emerson :
- la marchandise détruite était un masque très rare, de la tribu des Solongh. Il nous montra une photo (un long masque en bas, avec d'étranges dents, très longues et beaucoup plus schématiques que celles des masques que j'avais pu observer chez lui) ;
- la marchandise dérobée était une statuette de guerrier très commune ;
- la marchandise qui pouvait geler était un masque très fragile. Il l'a vendue à un collectionneur allemand nommé W.J. Gerhadt.

Miss Post a repris contact avec Lisa. Elle nous offrit enfin l'opportunité de rencontrer Miss Carlyle lors d'un vernissage, vendredi prochain. Une chance sur laquelle nous ne comptions plus trop. Auparavant, nous avions rendez-vous à Arkham avec le professeur Cowle.

Nous avons donc pris le train pour cette ville universitaire et rendre visite à l’éminent professeur, Anthony Dimsdale Cowle, titulaire de la chaire de Lockley d'ésotérisme polynésien. Il nous parla plus en détail du culte de la Chauve-Souris des Sables, élément peut-être crucial pour notre enquête. Il nous conta ainsi la légende selon laquelle la Chauve-Souris des Sables (ou Père de toutes les Chauve-Souris) se serait opposé au Serpent Arc-en-Ciel et comment celui-ci enferma Le Père de toutes les Chauve-Souris dans des profondeurs aqueuses. Il nous parla aussi des Ecrits de Ponape, un ouvrage concernant un mystérieux Cthulhu, en précisant que l'exemplaire serait maintenant entre les mains d'un dénommé John Scott de Boston.
Ce sujet semble passionner Cowle. Son rêve serait de monter une expédition à la recherche d'un lieu où des géants se rassemblaient dans l'ouest de l’Australie. Ils y auraient fondé une vaste cité. Après sa destruction, cette cité aurait ouvert la voie au Père de toutes les Chauve-Souris.

Cowle nous montra aussi le journal d'Arthur MacWhirr, de Port Headland. Il mena une expédition dans le désert australien où il découvrit d'étranges monolithes. Chose étrange, son expédition fut victime d'une attaque ; les membres présentaient de nombreuses piqûres... or les adeptes du culte de la Chauve-Souris des Sables sont réputés pour se munir de gourdins sur lesquels ils fixent des dents de chauve-souris !

Nous sommes rentrés à Manhattan le jeudi 22 pour rendre un dernier hommage à Elias. Une si pauvre cérémonie, dans un petit cimetière du Lower East Side, réunissant une vieille tante éloignée, une bande de flics en planque, Lisa, Mickael et moi-même. L'absence de Kensington aux funérailles nous alerta immédiatement!

Après les funérailles, nous gagnâmes le domicile de Kensington. Il ne s'y trouvait pas mais un clochard nous confirma qu'il avait été pris à parti la veille par trois hommes noirs. Ces idiots de la police, malgré l'évidente gravité de la situation, ne voulurent entreprendre quoi que ce soit pour chercher le directeur de Prospero Press !

Alors que la situation semblait aller de mal en pis l'un de nous fut encore victime d'une agression. Alors qu'elle sortait de la galerie de Miss Post, cette chère Lisa ne dut son salut qu'à son incroyable vigueur et à la présence opportune d'un couteau suisse dans sa poche! Malgré tout, son agresseur réussi à prendre la fuite.
Une fois encore l'évidence sautait aux yeux et malgré tout nous avons continué ! Notre obstination me semble désormais tellement stupide au regard des risques encourus!!! Je t'avoue que depuis, mon scalpel ne quitte plus ma poche et nous savons que nous sommes suivis en toutes circonstances.

Vint enfin le vendredi du vernissage. Oh mon Dieu... cet Otto Dix devrait prendre rendez-vous avec moi dans les plus brefs délais. Même avec le temps, je ne suis pas certaine qu'aucun de mes confrères ou moi-même ne puissions faire quelque chose pour cet artiste torturé ! Jamais la contemplation de tableaux ne m'avait jamais mise aussi mal à l'aise et je dois t'avouer et que je dû réprimer un instant l'envie de quitter au plus vite ce lieu chargé de folie et de monstruosité !

A cette occasion, Miss Post nous présenta son associé, Wilfried. Cet américain, d'origine allemande, est à l'origine de l'exposition. Aucun d'eux ne connaissait le nom de Miles Shipley, l’artiste cité par Jackson Elias sur son carnet. Puis nous pûmes enfin converser avec Erica Carlyle... sous l'œil attentif de son conseiller, Bradley Grey.
Pour elle, l’origine du mécénat de son frère est à attribuer à l'influence d'une jeune femme noire et ce, dès 1918. Selon Erica, son frère se consumait d'une passion dévorante à l'égard de cette femme.
Il lui avait présentée comme étant une prêtresse en possession de secrets qu'il se devait de découvrir.

Nous primes rendez-vous pour le lendemain. Nous nous sommes rendus à sa demeure, le samedi 24 au matin, où, après une longue discussion durant laquelle nous gagnâmes la confiance d’Erica, elle nous laissa accéder aux livres de son frère :
-Le peuple du monolithe. Un recueil de poèmes tiré en seulement 20 exemplaires avec une couverture très étrange.
- Un manuscrit, probablement daté du 14 ou 15ème siècle, en français, probablement intitulé le Livre d’Yvon.
- Un journal très épais rédigé par un certain Mongomery Krompton. Il y relate un séjour en Egypte au début du XXeme siècle. Notons que la couverture est en peau humaine...
- Enfin le dernier livre, en vieil anglais s'intitule les Manuscrits Pnakotiques.

Je me plongeais dans le journal et la première chose qui me sauta aux yeux fut l'état mental évidemment très dérangé de l'auteur. Il s'agissait de notes de voyages. En, 1804 l'auteur parcourait l'Europe avant de se rendre en Egypte en 1805. Son voyage était motivé par le fait qu'il devait accéder à une prêtrise à priori peu orthodoxe. Il évoque dans son journal un lieu étrange ainsi qu'un Dieu, mais il me faudra plus de temps pour comprendre tout ça correctement.

Lisa, quant à elle se concentra sur les poèmes. Ils étaient, selon elle, très angoissants, ce qui au final ne m'étonne guère. Là encore, on évoquait des monstruosités.
Complétement remis de sa blessure, Mickael finit par reprendre son quotidien au sein de la Police, mais je suis convaincue qu'au fond, il ne fit jamais de pause dans l'enquête que nous menions.


Alors que nous aurions dû chacun rentrer chez nous et prendre une bonne nuit de repos, je me rendais bêtement chez Mickael. J'aurais dû le convaincre de repousser cette visite chez Ju-Ju. Trop souriant, trop sympathique, trop cultivé … Je me méfiais de lui depuis longtemps ! Alors que Mickael lui posait des questions, je n’ai pu supporter plus longtemps l'attitude désinvolte de ce menteur. Sans concertation avec notre cousin, je le provoquais ouvertement allant même jusqu'à proférer des menaces de mort !  Pour qui me suis-je prise ? Je me demande encore pourquoi j’ai agis ainsi alors que par mon imprudence je signais l'arrêt de mort de Mickael ! Tout se passa très vite ! Immédiatement, Silas sortit un grand poignard caché sous son comptoir. La lutte fut rude et je ne sais comment, alors que je retirais mon scalpel de la carotide de ce menteur, un bruit des plus atroces attira mon attention dans mon dos : comme des os qu'on brise... Mikael gisait inerte sur le sol, du sang se répandait sous sa tête... un grand noir me décolla du sol. J'aurais voulu le massacrer et courir auprès de mon cousin mais je ne pouvais rien faire.
Ensuite je me souviens d'un rêve : un désert, un fleuve, un grand fleuve même, des habitations cubiques en terre, des marécages, des rizières... et des tentacules ! D'affreuses tentacules qui voulaient m'avaler !!!

Quand je repris conscience, bien plus tard à l'hôpital, l’officier de police Gallagher m'annonça que Mickael n'était plus. Je suis tellement, tellement malheureuse. Je voudrais rentrer à la maison et quitter cette ville de fous, m'éloigner le plus possible de tout ce qui concerne de près ou de loin cette affreuse affaire. Je le voudrais mais je ne peux pas. Mickael ne me laissera pas faire ! Il aura fallu le pire pour que je comprenne Anna. Cela semble fou mais il est là, son esprit est là furieux ! Il réclame vengeance et il ne trouvera pas le repos tant que ses assassins ne seront pas punis ! Je le sais, il m'obligera à faire ce que, par ma faute, il n'a plus les moyens de faire.... Il m'en veut Anna...

Je partirai bientôt pour l'Angleterre. En quelques jours ma vie a basculé. Je t'en conjure, ne cherche pas à me rejoindre et brûle mes lettres. Je te donnerai des nouvelles, au nom de l'amour que tu me portes, mais par pitié, ne garde rien qui puisse te lier à ces sombres événements !!!

Angela

PS : je joins une copie du rapport de l'inspecteur O'Brien, l'ancien coéquipier de Mickael, qui m'a libéré et avec qui je suis en contact. De même j'ai pris quelques notes sur les dossiers d'un confrère, je te le confie. 

NYPD- Rapport de l'inspecteur O'Brian :
Le dimanche 25 janvier à l'ouverture de nos bureaux Miss Lisa Jane Evans vint nous faire part de ses craintes au sujet d'une certaine Miss Angela Hopper et de l'inspecteur Mickael Freeman dont elle n'avait plus de nouvelles depuis la veille. En temps normal, la police n'aurait pas dépassé le stade de la simple déposition mais il se trouve que l'inspecteur Freeman, qui était mon coéquipier depuis deux années, m'avait déjà inquiété à son retour de congé maladie.
Il me raconta qu'il suivait la trace d'un étrange groupuscule qui, selon lui, était responsable du décès de Mr Jackson Elias (CF. affaire n°12258 FG 45).
Avec l'accord du lieutenant Pool, l'agent Gallagher et moi mettions en place une expédition pour éclaircir les choses et montrer, le cas échéant, ce qu'il en coûte de s'en prendre à un membre de la police.
Nous arrivâmes à la boutique JuJu, au 1, Ramson Court à Harlem, en suivant les indications de Miss Lisa Jane Evans.
La porte était fermée, nous l’avons ouverte de force. Des traces ténues sur le sol prouvaient qu'une altercation avait bien eu lieu. De brèves recherches nous permirent de mettre la main sur une trappe derrière le comptoir.
Suivant un couloir empli de symboles étranges, nous arrivâmes à une porte solidement fermée.
A deux, il nous fallut plus d'une dizaine de minutes pour l'ouvrir et pour pénétrer dans une salle obscure. Des tambours occupaient les trois murs de la salle. Une dalle circulaire et un étrange système de poulies retenaient mon attention quand Gallagher et Lisa allèrent voir ce qui se trouvait derrière un épais rideau rouge qui obstruait le fond de la salle.
A titre informatif, je, soussigné inspecteur O'Brian, assure n'avoir jamais consommé de stupéfiant ni n'avoir bu dans l'exercice de mes fonctions.
Aussi étrange que cela puisse paraître, des êtres, quatre, que tout désignait comme cliniquement en état de décomposition avancée se jetèrent sur nous depuis la pièce cachée par le rideau. Nous dûmes faire usage de nos armes et redoubler d'acharnement pour les neutraliser.
Miss Evans nous affirma que l'un de ces être était le dénommé Kensington, porté disparu depuis le jeudi 22 janvier (cf. affaire n° 12278 FG 13).
Dans la pièce arrière, en plus d'un être quasi-momifié, nous trouvâmes le corps mort de l'inspecteur Mickael Freeman. Les causes du décès sont, selon mes observations, à imputer à un violent coup dans la maxillaire inférieure. Alors que les lois de notre Seigneur l'interdisent, l'inspecteur Freeman se réanima à son tour et nous fument obliger de le neutraliser lui aussi.

L'armoire de la pièce contenait les pièces suivantes :
- une grande robe (pièce à conviction 1)
- une paire de gants avec de longues griffes (pièce à conviction 2)
- un masque en bois (pièce à conviction 3)
- un sceptre (pièce à conviction 4)
- une sorte de serre tête épais en métal (pièce à conviction 5)
- une note signé « Le grand prêtre de  la Chauve-Souris des Sables (pièce à conviction 6)
- un livre intitulé « Sectes secrètes d'Afrique » (pièce à conviction 7)

Par la suite, je voulus examiner ce que cachait la dalle. Un cri perçant retentit des profondeurs abritées par cette dalle mais l'irruption de trois individus me contraint à laisser tomber la plaque, condamnant ce qu'elle enfermait.

L'altercation qui s'en suivit avec les trois individus est relatée dans le rapport n° 122796 LP 02, compte-rendu enregistré au retour de l'expédition par le Lt Martin Pool. L'un d'eux portait le corps inanimé, mais en vie, d'Angela Hopper. Il a pu être contrôlé et arrêté. Les deux autres combattants ont été tué au cours de l’altercation. Elle fut conduite à l'hôpital dans les plus brefs délais.
L'arrivée de l'équipe de renforts se solda par un incendie qui ravagea définitivement la boutique
Ju-Ju.

A son réveil, Miss Angela Hopper insista pour concourir à l'enquête. Je la conduisis au bureau des affaires médicales où un mandat lui permit d'accéder aux dossiers du Docteur Huston.
Nous pûmes interroger le seul homme arrêté à la boutique Ju-Ju : un certain Kilima. Notons que sa langue avait été en partie tranchée.
Un traducteur Kenyan nous assista, mais nous n'obtînmes aucune information avant l'intervention du docteur Hopper. Par l'hypnose, Kilima nous dit que les Askari (policiers) étaient dangereux selon lui.
Il déclara qu'une bête nommée Chacota attendait une offrande dans le puits de la boutique Ju-Ju.
Il nous dit aussi qu'il y a plusieurs Grand Prêtres et qu'ils forment une « force ». Il parla aussi de Kuyu, ce qui semble être un lieu.

Selon le docteur Hopper, l'individu avant l'hypnose n'était pas en pleine possession de ses moyens.

Notes prises sur les dossiers du Dr Huston
Praticien : Angela Hopper

Les notes de mon confrère le Dr Huston sur Erica Carlyle relatent des consultations anodines.
La jeune femme se préoccupait de ses relations avec son frère et il apparaît, à travers les compte-rendus, qu'elle dispose d'une remarquable capacité d'adaptation.

Les notes au sujet de Roger Carlyle (une vingtaine d'entretiens en moins d'un an) mettent en avant les tarifs exagérés de mon confère qui ont sûrement abouti à un chantage de patient sur le docteur (ce qui explique sa présence au sein de l'expédition Carlyle).
La prêtresse dont parle la sœur de Roger est nommée « M'Weru » dans ses notes.

[Fin de la partie le 26/01/1925]



jeudi 17 octobre 2013

Les Masques de Nyarlathothep - les notes d'Angela Hopper - partie 1

Chère Anna,

Je sais que tu m’en veux de n’être venue à l’anniversaire de la petite Alice mais ces derniers jours furent si intenses, une fois que je t’aurai expliqué les raisons de mon absence, je sais que tu me pardonneras.

Je me préparais à faire le voyage jusqu’à la maison de famille quand je reçus un télégramme d’Elias. Tu te souviens sûrement de lui, je t’ai parlé à maintes reprises de son incroyable intelligence, que gâche cependant un certain attrait pour les choses mystiques. Il se trouve que ce télégramme m’inquiéta grandement par son contenu, inquiétude d’autant plus vive qu’Elias n’avait pris contact avec moi depuis de nombreuses années. Cher Elias … il nous a quitté dans des circonstances des plus affreuses, et je dois tirer les choses au clair !
Il semblerait que tout soit lié à la tragique expédition Carlyle, dont la presse a fait les échos. Tu as dû lire dans les journaux son issue fatale qui a conduit à la mystérieuse disparition de ses membres.
Le temps presse, je voudrais être plus précise mais je dois faire vite car j'ai encore beaucoup de choses à faire.
Je t'envoie ces quelques pages de mon journal afin que tu comprennes.
Surtout ne t'inquiète pas, notre cousin Mickael ainsi qu'une jeune demoiselle m'accompagnent. Ne fais rien pour me rejoindre tant que je ne te le demande pas.

Je t'embrasse, ta sœur Angela qui t'aime.

[Extrait du journal]
Jeudi 15/01/1925

Elias, par un bref appel m'a donné rendez-vous à l’Hôtel Chelsea à 20H… en précisant, chose étrange, que la discrétion serait de mise. Compte tenu du caractère inhabituel de sa requête, j'ai demandé à mon cousin Mickael de m’accompagner. Une fois sur place, le hasard nous fit rencontrer Melle Lisa, elle aussi venu voir Elias.
Alors que nous nous rendions à la chambre de ce dernier, des bruits, que dis-je des heurts, provenant de la chambre même d’Elias nous alarmèrent! Tout alla si vite que je ne puis jurer que mon récit sera fidèle à la réalité.
Alors que Lisa et moi enfoncions la porte de la chambre, un sauvage vêtu d’un pagne et d’un turban se jeta sur nous, un long poignard en main!!  Je ne peux encore m’expliquer où cette demoiselle trouva le courage de foncer tête baissée à l’intérieur avec Mickael. Pour ma part, prise de panique, je ne pus qu’appeler à l’aide.
J’ai l’impression qu’il se passa une éternité sans que personne ne vienne, quand des coups de feu retentirent!!!
Je ne sais exactement combien d’hommes étaient à l’intérieur mais je suis sûre que mon cousin en pris au moins deux en chasse. Malheureusement, cette course poursuite n’aboutit à rien sinon au décès d’un des agresseurs. Le plus malheureux fut cependant l’état dans lequel on trouva ce pauvre Elias. Il gisait ensanglanté sur le lit et portait un signe étrange scarifié sur le front. Mon dieu... ces monstres...  que lui ont-il fait ! Il était … plus que meurtri dans sa chaire, au-delà de l’imaginable. Je prie pour qu’il n’ait pas souffert quand ces fous s’en prenaient à lui mais je ne me fais guère d’illusions…
Une fois le choc encaissé, je fus alertée par l’état dans lequel la chambre se trouvait. Si les assassins d’Elias cherchaient quelque chose, il restait une chance que nous les ayons dérangés trop tôt. Mon instinct ne m’avait pas trompée ; et c’est bouleversée que je trouvais la sacoche d’Elias sous son lit.
Inquiétée par l’absence de Lisa et de Mickael je les retrouvais dans la cour, mon cousin était sévèrement blessé à l’épaule. Il nous narra son combat pour arrêter les agresseurs, trois selon lui. En pleine nuit, dans la neige. Il raconta comment ce sauvage lui assena un coup dans le dos et comment une voiture noire permit aux deux autres malfaiteurs de prendre la fuite! Malgré sa volonté d'interpeller l'agresseur indemne, il fut contraint de le neutraliser par la force, et le sauvage ne survécut pas au coup assené.
Le temps que la police arrive, nous apprenions à la réception qu’Elias avait réservé cette chambre le matin même. Le contenu de sa mallette fut riche en informations mais l’agent chargé de l'affaire, le lieutenant Martin Poole, nous la confisqua aussitôt. Bien qu’il soit le supérieur de Mickael il se montra des plus agressifs et nous convoqua au plus tôt pour obtenir nos dépositions.

Vendredi 16/01/1925

Comme convenu, nous nous rendîmes chez Lisa à 11h pour faire le point sur les récents événements.

De fil en aiguille, nous nous décidâmes à ne pas laisser l'affaire aux seules mains des incompétents censés représenter l'ordre (n'en déplaise à mon cousin).

Beaucoup de pistes s'offrirent à nous :
- Pourquoi  la carte de visite d'Edward Gavigan se trouvait-elle dans la sacoche ? Il est le directeur de la fondation Penhew certes, mais était-il au courant des affaires récentes d'Elias ?
- Nous avons trouvé des lettres. Une envoyée du Caire (datant de janvier 1919) par un certain Faraj Najir à propos d'une éventuelle vente d'objet. Une autre lettre, envoyée par Miriam Artwhight, à l'agence Prospero Press pour informer Elias que la bibliothèque de l'Université Miskatonic, à Arkham, n'avait pas le livre qu'il recherchait.
- Un paquet d'allumettes « Au tigre trébuchant, 10 lantern street, Fête et amité à Shanghai ».
- La photographie d'un port.
- Une affiche pour une conférence sur l'ésotérisme donnée par le professeur A. Cowle.
- Nous avons trouvé une note d'Emerson Import avec le nom de Silas N'Kwane. Notre première décision fut d' interroger  par téléphone Mr Emerson à propos d'un éventuel colis envoyé par ce Silas. Il nous apprit qu'il  avait rencontré notre ami Elias mais qu'il n'avait jamais traité avec lui.

Mickael a rencontré ce matin son supérieur. Il lui a fait part des similitudes troublant entre le meurtre d'Elias et les meurtres attribués à Scaryface que les journaux relatent. et a obtenu deux jours de repos. Il nous a rejoint et a contacté par téléphone la bibliothèque de l'Université Miskatonic. Miriam Artwright l'informa qu'Elias était à la recherche d'un ouvrage « Les sectes secrètes d'Afrique ». Ce livre semble avoir disparu de la bibliothèque d'Arkham durant l'été 1924. L'auteur, inconnu, serait un prêtre espagnol. Fait surprenant, les témoins parlaient d'une odeur immonde le jour de la disparition.

Samedi 17/01/1925

Avec le temps, la blessure de mon cousin ne s'améliora pas, au point que ce dernier fit un malaise alors que nous déjeunions. Il semblerait que l'arme qui l'a blessé était enduite d'un poison rudimentaire...
J'ai fait une entorse au règlement pour contacter une patiente, Adélaïde Summer, afin de lui exposer notre problème. Adélaide, qui a été missionnaire pendant une longue période, nous mit en contact avec Soeur Loretta, infirmière dans une congrégation religieuse installée dans Manhattan. Face à la recrudescence des crises de Mickael, nous prîmes contact avec cette religieuse qui, apprit-on, a officié au Kenya. De fait, elle connaissait parfaitement le « pranga », l'arme qui blessa Michael. Elle lui administra un soin pour ralentir le poison sans pouvoir pour autant l'endiguer...
Soeur Loretta avait déjà vu le fameux signe sur lequel nous cherchons des informations. Elle nous parla du culte de la langue sanglante. Cette secte prendrait ses origines en Egypte ancienne. Le signe en question serait une rune issue de ce culte, chassé d'Egypte au temps des Pharaons, et qui aurait remonté le Nil pour s'installer au Kenya.

Pendant ce temps,  Lisa fit une visite chez Miss Post, une amie proche des Carlyle. C'est une chance d'avoir avec nous une jeune dame de son rang, je crois que sans elle nous n'aurions jamais eu la chance de pénétrer dans ce cercle fermé qu'est celui de la bourgeoisie. Miss Post nous apprit que son amie Erica (qui ne semblait pas s'entendre avec son frère) est convaincue que Roger n'était pas lui même avant son départ.

Il est tard mais je vais me mettre en route pour prendre mes appartements chez mon cousin. Bien que lui et moi ne soyons pas très proche, je suis inquiète quant à l'évolution de son état.

Lundi 19/01/1925

Que de choses se sont passées en deux jours à peine.
Après une visite très tôt au commissariat, nous avons obtenu grâce à Mickael la liste des professions et des lieux de résidence des victimes de Scaryface. Nous avons ainsi pu faire une liste plus ou moins précise des meurtres et des lieux de crime. Nous l'avons aussi mise en relation avec les événements de la tragédie Carlyle sans pouvoir faire de liens probants pour le moment.

En dépouillant les journaux, on trouva notamment un article du 16 janvier 1925 sur la conférence de Cowles.

Une visite à la boutique Ju-Ju nous a permis de mettre au clair certains faits. Le propriétaire, monsieur N'Kwane, est originaire de Mombasa. Homme aimable, il possède une impressionnante collection d'objets africains. Nous fûmes cependant surpris par sa réaction quand nous abordâmes la question de la marque sur le visage d'Elias. Ne voulant pas être mêlé à Scaryface, il nous demanda de quitter sa boutique.

En fin de matinée, Kensington, le patron de l'agence Prospero Press a accepté de nous recevoir. Pour lui, Elias était persuadé que l'expédition Carlyle a été décimée par un culte et que tous les autres membres ne sont pas morts.
Il nous montra un courrier d'Elias datant de l'été 1924  à ce propos.
Elias écrivit ensuite plusieurs fois pour demander des avances de frais, depuis Nairobi le 08 aout 1924 notamment. Nous savons qu'il expédia des télégrammes depuis l'Afrique et la Chine. Dans un de ces documents, il dit qu'il avait assisté à l'inimaginable...

Un passage rapide à l'agence le 15 janvier lui permit de remettre à Kensington son carnet.

Déplacements d'Elias :
peu avant le 25/06/1924 il quitte NY pour Nairobi
25/07/1924 arrivée à Nairobi
08/08/1924 il écrit à Kensington
16/08/1924 il quitte le Kenya pour la Chine
17/09/1924 il envoie un télégramme à Kensington pour une avance
13/11/1924 il part du Caire pour rejoindre Londres
16/12/1924 il envoie une autre demande d'argent
17/12/1924 il se dirige vers NY
13 ou 14/01/1925 il arrive à NY

Parmi les documents que Kensington nous fournit, une note envoyée dans la matinée du 19 janvier, rédigée par Emerson, informe Elias qu'il a des informations pour lui. Il semble qu'une visite à ce monsieur serait des plus intéressantes...


Le carnet d'Elias

«Bien des noms, bien des choses pour la même chose et le même tout! Besoin d'aide!»

Dans ce carnet, les notes sont désordonnées, parfois illisibles.
Elias évoque des rêves effroyables, qu'il compare à ceux de Carlyle. Il pense consulter les dossiers du psychanalyste de ce dernier.
Nous trouvons quelques noms jetés sur les pages :
- James B...ington à Scotland Yard.
- ...bl.. de Miles Shipley
-Edward Gavigan
-Mickey Mahoney au Scoop

Sans compter les divagations sur l'origine accidentelle des Hommes et sur une protection apportée par l'Océan, on trouve d'étranges allusions imprécises, comme :
« Ils vont ouvrir le portail »

Enfin, chose importante, des livres devraient se trouver dans le coffre de Carlyle

Les liasses de documents nous donnent d'autres éléments :

- Aucune trace de vie n'a été détectée sur les lieux du massacre, aussi bien animale que végétale. Ce fait est mis en lien avec la malédiction du vent noir.
- Une interview de Johnstone Kenyatta évoque le culte de la langue sanglante. La
prêtresse de ce culte serait dans les montagnes et ne serait pas originaire d'Afrique . Elle est, semble t-il, détestée par les locaux.
On parle de grandes créatures ailées et d'un dieu nommé «Sam mariga, gare».
- L'itinéraire de l'expédition Carlyle semble être un fait important et notamment le détour par le Kenya.
- Le Lt Mark Selkirk parle d'un massacre que même des bêtes n'auraient pas fait.
Seuls les porteurs noirs sont morts et les blancs ont été épargnés. Sans compter que pour lui l'accusation et le procès ayant fait suite au massacre n'étaient qu'une mascarade.
-Au Victoria's Bar à Nairobi, un mercenaire nommé Nelson aurait croisé Jack Brady à Hong Kong en mars 1923 !

Nous devons absolument rencontrer la sœur de Carlyle pour discuter et avoir accès à certains documents. Il serait bon aussi de rendre visite à Emerson et de contacter le professeur Cowle.
Il se fait tard, mes compagnons m'attendent.



[Fin de la partie le 19/01/1925 à midi]

Les Masques de Nyarlathotep - les investigateurs




Jackson Elias a contacté deux anciennes connaissances par télégramme pour les informer de son retour imminent à New-York, en ce début d'année 1925. Il les a rappelées le jeudi 15 janvier pour leur donner rendez-vous à 20 heures dans la chambre qu'il loue à l’hôtel Chelsea, pour les entretenir de l'expédition Carlyle. 

Il s'agit de miss Angela Hopper , 35 ans, psychiatre (Julie) et de miss Lisa Mary Jane Evans, 28 ans, aviatrice et baroudeuse (Annabelle). Cette première, inquiète du ton inquiet et mal assuré de la voix d'Elias, s'est faite accompagnée de son cousin, Mickael Freeman, 25 ans, jeune inspecteur de police tout juste nommé dans le Downtown (Jérémy).


mercredi 24 juillet 2013

pour bien préparer Les Masques : créons des personnages !


En prévision de notre première séance (à partir de la mi-septembre ?), afin de gagner du temps et de vous permettre de réfléchir au personnage que vous souhaiteriez incarner et d'assurer l'insertion de tout le monde dans la campagne, je vais vous demander de préparer un petit peu votre personnage. Il s'agit de guides et de conseils pour vous trois, vous êtes bien sur libre de proposer ce que vous souhaitez si vous n'y trouvez pas votre bonheur. Les seules contraintes sont un personnage de bonne société et/ou baroudeur (anciennement ou actuel), et ayant une raison de résider (même temporairement) sur la côte Est des USA en fin d'année 1924.






Tout d'abord, l'état civil :

Nom : ______ Prénom : ______
Occupation : ________ Âge : ________
Profession : _________ Sexe : _______
Personnalité : ________ Nationalité : ________

Pour l'occupation et la profession vous pouvez piocher dans la liste suivante :

OCCUPATION :              PROFESSIONS :
Artiste                         écrivain, peintre, sculpteur, photographe, danseur, musicien...
Baroudeur                     aviateur, marin, globe-trotter, chasseur, plongeur, pilote...
Détective                     policier, privé, enquêteur, inspecteur, agent fédéral...
Dilettante                     oisif, héritier, hommes d'affaires, diplomate... 
Explorateur                   archéologue, cartographe, ethnologue, anthropologue... 
Homme de foi                spirite, médium, prêtre, missionaire... 
Journaliste                    reporter, photographe, journaliste... 
Médecin                       généraliste, infirmier, légiste, psychologue... 
Militaire                        officier, vétéran, mercenaire... 
Universitaire                  professeur, étudiant, scientifique, chercheur...

N'hésitez à proposer une profession qui ne serait pas dans la liste. 

Pour la personnalité, vous pouvez choisir dans la liste au moins deux adjectifs suivants (par rapport à soi même puis en relation avec autrui) ainsi qu'un trait de personnalité : 

a/ par rapport à soi même

• Sage, raisonnable / Capricieux, envieux, avide, insatiable / Épicurien
• Inexpressif, énigmatique, mystérieux / Expressif
• Confiance en soi, assurance / Aucune confiance en soi
• Modeste, humble / Prétentieux, orgueilleux, suffisant
• Paresseux, fainéant / Travailleur, studieux 
• Léthargique, mou, apathique, mollasson / Actif, dynamique 
• Long à la détente / Réactif, vif 
• Courageux, brave, intrépide / Lâche, peureux, craintif 
• Narcissique / Haine de soi, pas d'amour propre 
• Mature, précoce / Puéril, gamin 
• Triste, blasé, dépressif, négatif, sinistre, pessimiste, sordide, grave / Joyeux, jovial, positif, enjoué, optimiste, enthousiaste 
• Sensible, hypersensible, nostalgique / Insensible, Cœur de pierre 
• Idéaliste, irrationnel / Réaliste, rationnel 
• Téméraire, audacieux, casse-cou, sans scrupules, inconscient / Prudent, avisé, timoré, scrupuleux, attentif, vigilant 
• Coquet, élégant, soigné, raffiné / Négligé 
• Malin, rusé, astucieux, malicieux / Innocent, niais 
• Intelligent / Idiot, stupide, simplet, benêt 
• Adroit, agile, habile / Maladroit, gauche, malhabile 
• Gourmand / Frugal 
• Bon joueur / Mauvais joueur 
• Cultivé / Inculte, ignorant 
• Étrange, bizarre / Ordinaire, banal 
• Compliqué, illogique / Logique, sensé 
• Propre / Sale, bordélique, dégoûtant 
• Attentif, concentré / Dissipé, distrait, étourdi, rêveur, pensif 
• Perfectionniste, consciencieux, méticuleux, soigneux / Négligent, expéditif 
• Délicat, qui a du tact, subtil, sagace, enjôleur / Direct, bourru, bourrin 
• Calme, réfléchi, posé / Impulsif, irréfléchi, tête-brûlée 
• Assidu / Procrastinateur 
• Ponctuel / Jamais à l'heure 
• Serein, décontracté / Agité, nerveux, stressé, anxieux, angoissé 
• Discret / Bruyant, grande gueule 
• Juste, objectif, partial, droit / Injuste, subjectif, impartial 
• Économe / Dépensier 
• Complexé / Décomplexé, bien dans sa peau 
• Vieux jeu / Moderne 
• Sain / Fou 
• Hystérique / Flegmatique 
• Concis, laconique / Prolixe 
• Persévérant / Abandonne facilement 
• Morbide, glauque / Enfantin, adorable, mignon 
• Insouciant / Responsable 
• Ambitieux / Oisif 
• Calculateur, prévoyant / Spontané, imprévoyant 
• Complexe d'infériorité / Complexe de supériorité 
• Matérialiste / Spiritualiste 
• Naturel / Superficiel 
• Efficace, compétent / Inefficace, incompétent 
• Doué, talentueux / Bon à rien 
• Qui a de la personnalité, excentrique, extravagant, fantasque / Fade, insipide 
• Indépendant / Dépendant 
• Organisé, ordonné, rigoureux / Désorganisé, désordonné 
• Lunatique, bipolaire / Stable, constant 
• Patient / Impatient 
• Doué pour réconforter / N'arrive pas à réconforter 

b/ relation avec les autres 

• Gentil, attentionné / Méchant, mal-attentionné, sadique, sardonique, mauvais, pernicieux, persécuteur, tyrannique 
• Associable, renfermé, hostile, froid, distant / Sociable, amical, chaleureux, ouvert, affectueux 
• Introverti, timide / Extraverti, exubérant 
• Conformiste, docile / Provocateur, agitateur, fauteur de troubles, rebelle, cynique 
• Obéissant / Désobéissant, indiscipliné 
• Honnête, sincère, digne / Menteur, hypocrite, mythomane, affabulateur 
• Taciturne / Bavard, loquace 
• Méfiant / Confiant 
• Respectueux, courtois, convenant, solennel, galant, civilisé / Insolent, irrespectueux, dédaigneux, obscène, effronté, indécent, indiscret, hautain, arrogant, présomptueux, condescendant, culotté, familier, odieux, goujat, sauvage 
• Généreux, partageur, charitable, magnanime, bon, noble / Égoïste, pingre, avare, radin, possessif, mesquin 
• Altruiste, à l'écoute / Égocentrique, fier 
• Jaloux / Complaisant 
• Sérieux / Espiègle, facétieux 
• Sympathique, agréable, plaisant, empathique / Antipathique, désagréable, agaçant, insupportable 
• Compréhensif, flexible / Indécis, versatile / Têtu, entêté, obstiné, buté, borné, opiniâtre, tenace, tête de mule, inflexible 
• Naïf, crédule, dupe / Incrédule, lucide, clairvoyant, perspicace 
• Chaste / Pervers, vicieux 
• Réglo, intègre, fair-play / Manipulateur, diabolique, fourbe 
• Loyal, franc / Traître, perfide, sournois, déloyal, accusateur, balance, rapporteur 
• Opportuniste, profiteur / Désintéressé 
• Intimidant / Rassurant 
• Imperturbable, non-influençable / Impressionnable, influençable, malléable 
• Surprenant, amusant, drôle / Ennuyeux, chiant 
• Brutal / Doux 
• Pudique / Exhibitionniste 
• Tactile, câlin / N'aime pas le contact 
• Susceptible, colérique, irascible, soupe au lait, tempétueux / Accommodant, garde son sang-froid, paisible 
• Clément, compatissant, indulgent, tolérant / Impitoyable, cruel, sévère, intolérant, strict 
• Aimable / Acariâtre, grognon, râleur, grincheux, désobligeant, revêche, ronchon 
• Pacifique / Agressif, violent, bagarreur 
• Fidèle / Faux-cul (amitié), infidèle, volage (amour) 
• Séducteur, charmeur, dragueur / Coincé 
• Passif / Curieux, fouineur, qui se mêle de tout 
• Persuasif, convaincant / Pas convaincant 
• Poli / Vulgaire, grossier 
• Dominant, autoritaire, meneur, leader / Suiveur, insignifiant, dominé, soumis 
• Expansif / Réservé 
• Rancunier / Qui n'est pas rancunier 
• Joueur / Récalcitrant, qui ne se prête jamais au jeu 
• Approbateur / Critique 
• Fougueux, passionné / Langoureux, tendre / Placide 
• Misanthrope / Philanthrope 

c/ traits de personnalité 
• Taquin 
• Ironique, sarcastique 
• Masochiste 
• Auto-critique 
• Fou (de façon modéré, en société ce trait n'est pas apparent) 
• Raciste 
• Sexiste (macho, misogyne ou misandrie) 
• Féministe 
• Xénophobe 
• Railleur 
• Voleur, cleptomane 
• Radoteur 
• Pique-assiette 
• Superstitieux 
• Névrosé 
• Schizophrène (de façon modéré, en société ce trait n'est pas apparent) 
• Psychopathe (de façon modéré, en société ce trait n'est pas apparent) 

Ensuite, l'historique : 
Motivation : ___________
Histoire personnelle : ______________

Pour la motivation, il s'agit en quelques mots de préciser les motivations personnelles profondes qui pousseront votre personnage à sortir de son quotidien : le goût de l'aventure, la collection d'antiquités, la sensibilité artistique, la curiosité, l'ennui, l'érudition, la soif de connaissance, l'orgueil ... Bien sûr cela doit être en cohérence avec la personnalité choisie et l'histoire personnelle. 
Pour l'histoire personnelle, donnez en quelques lignes des détails sur le lieu de naissance, son enfance, les choix de sa vie et son métier, ses motivations, sa famille, ses amis, etc... A partir de vos idées, je vous proposerais des éléments pour faire entrer votre personnage dans la campagne. 


Enfin, les compétences liées à la profession et au loisir du personnage :

Vous pouvez en présélectionner certaines, on s'occupera des jets de dés des caractéristiques et de la répartition des points entre les compétences une prochaine fois. 

bureaucratie
culture artistique
langues
sciences : humaines, de la terre, de la vie, formelles, occultes...
bricolage
criminalistique 
hypnose 
médecine 
métier 
photographie 
pratique artistique 
premiers soins 
psychanalyse 
survie 
bibliothèque 
discrétion 
dissimulation 
écouter 
orientation 
pister 
psychologie 
se cacher 
trouver objet caché 
vigilance 
baratin 
contact et ressources 
crédit 
imposture 
interroger 
jeu 
négociation 
perspicacité 
persuasion 
savoir-vivre 
armes à feu 
armes blanches 
armes exotiques 
artillerie 
athlétisme 
conduite 
corps à corps 
équitation 
navigation 
piloter 

La fiche de personnage V6 en pdf peut être téléchargée ici :
http://www.tentacules.net/toc/toc_/matos/fiche.pj.v6.pdf

en version éditable : 
http://www.tentacules.net/toc/toc_/matos/fiche.pj.editable.v6.pdf


Faites moi suivre vos retours, on échangera puis on passera aux caractéristiques chiffrées ... 


à votre imagination !

L'Appel de Cthulhu - Le livre des révélations partie 3 : Jerusalem (2/2)

fin du compte-rendu de la partie du 05 avril 2013
suite et fin du scénario "grand écran" de Casus Belli # 95 (première formule), par Tristan Lhomme



Jérusalem, le 25 juin, au soir : la demeure de Von Scharssen


La surveillance dure toute la fin d'après-midi devant la lourde porte du mur d'enceinte de la maison bourgeoise. Aucune allée et venue n'est à signaler. En fin de journée, une légère fumée s'échappe de la petite cheminée en brique, confirmant l'occupation de la maison. Cette longue surveillance a été mise à profit pour repérer un étroit espace entre l'enceinte et une maison mitoyenne où des gravats permettront d’accéder au sommet du mur. La nuit tombée, éclairés par un rayon de lune, Rachel, Pete et Warren gravissent le mur et sautent dans le jardin. Devant eux se dressent une maison s'élevant sur deux niveaux. Les volets du rez-de-chaussée sont tous fermés et seul un rayon de lumière éclaire le jardin dans le dos de la maison. S'avançant discrètement jusqu'à l'embrasure, intrigués par le savoureux fumet épicé qui s'en échappe, ils remarquent une vieille dame, habillée de vêtements orientaux, leur tournant le dos et affairée autour de ses ustensiles de cuisine. Warren jette plusieurs graviers sur le béton de la terrasse afin d'attirer son attention. Celle-ci s'approche de la fenêtre et se penche à la recherche de la source de ce bruit, s'exprimant en arabe. C'est alors que Pete la fait basculer à l'extérieur et la frappe violemment à la nuque, l'assommant d'un coup net. Il bâillonne alors la vieille dame et l'attache, l'abandonnant au pied de la fenêtre. 
L'intérieur de la cuisine est en fouillis mais semble désert. Au centre de la pièce un moucharabieh laisse passer de l'air frais, de part et d'autre de celui-ci deux portes donnent accès au reste de la maison. La porte de droite ouvre sur une longue pièce éclairée par la faible lueur de la lune. La progression est lente au milieu des meubles de salons occidentaux jusqu'au seuil d'une porte ouvrant sur une cour intérieur. Celle-ci est couronnée d'une coursive de bois, à laquelle on accède par un escalier. Alors que Pete s'apprête à gravir la première marche, il est touché d'une balle à l'épaule. Il s'effondre et rampe pour se mettre à l'abri sous le balcon, protégé par les tirs de Warren et Rachel. Deux tireurs embusqués derrière la rambarde leur bloquent le passage. Malgré sa blessure à l'épaule, Pete peut viser l'un d'entre eux et l'éliminer, alors que le second succombe sous les tirs de ses compagnons. Pete les rejoint et se fait poser un bandage rapide, la balle n'ayant pas pénétré la chair. Ayant atteint l'étage, de nouveaux coups de feu surviennent de l'autre côté du balcon. C'est Warren qui d'un seul tir abat un troisième homme. S'approchant des corps, il remarque que leurs agresseurs ressemblent aux hommes blonds en costume qu'ils ont suivi ce matin en ville. 
La maison semble dorénavant calme et silencieuse. Le balcon donne, par plusieurs ouvertures aux volets de bois ajourés, sur les pièces de l'étage.  Les investigateurs pénètrent dans un couloir ouvrant sur une enfilade de petites pièces richement meublées, aux tapis épais et aux sofas couverts de coussins et de draps de soie. Dans l'une d'elle, à l'abri derrière des moucharabiehs et des paravents, la flamme d'une bougie veille sur un corps allongé dans des draps légers. Ils découvrent le corps d'une jeune femme inanimée. Le visage est celui de Lilian Forrestal. Celle-ci semble sous l'emprise d'un puissant psychotrope. Pete et Warren décide de la porter alors que Rachel doit les couvrir. Ils sortent sans encombre de la maison et rejoignent la route de Jaffa pour rentrer à l'hôtel, se demandant ce qu'ils pourront faire pour Lilian. Celle-ci se réveille alors qu'ils franchissent la porte de la ville, elle réclame avec une voix faible son père. Warren et Rachel essaient de la faire parler mais elle ne semble que réclamer son père , en tenant des propos incohérents ("il va le rencontrer ... enfin. Père ..." ou encore "... le Messie sera engendré et foulera la terre") et ne réagit pas au nom du Professeur Forrestal. Arrivés à l'hôtel, ils obtiennent une nouvelle chambre pour loger Lilian qui s'endort rapidement.
Autour de minuit, la réception vient chercher Pete pour un appel téléphonique. La voix au téléphone n'est pas celle de Von Scharssen, ni d'un allemand, au contraire elle a même un accent britannique très prononcé : " Je suis content de voir que vous avez récupéré votre amie. Les rêves ont parfois un fond de vérité, n'est ce pas ? J'aimerais que nous nous rencontrions dans un endroit plus discret. Je vous propose, voyons ... devant le mur des lamentations dans deux heures". 




Jérusalem, le dimanche 26 juin, deux heures du matin : rendez-vous au mur des lamentations



Les investigateurs laissent Lilian à l'hôtel après lui avoir administré un puissant somnifère. Après avoir traversé les rues calmes de la vieille ville endormie, ils arrivent au pied du mur des lamentations où un homme d'une quarantaine d'année les interpellent. Il porte un vieil uniforme de l'armée britannique en toile élimée ainsi qu'un chèche d'où émergent quelques cheveux blonds cendrés entourant un visage fin, au teint mat et buriné. Il se présente sous le nom d'Arthur Smith. Son haleine chargé de whisky et de tabac aromatisé et ses tics au visage révèlent une certaine nervosité. "Ravi de vous voir. Je ne suis qu'un intermédiaire. Je dois vous transmettre une invitation de mes employeurs ... Si vous voulez bien me suivre à ma voiture". Poussés par la curiosité, les sens probablement émoussés par la fatigue, les investigateurs acceptent de suivre cet inconnu qui ne leur révèle rien quant à l'identité de ses mystérieux employeurs. 
La route est longue et cahoteuse. La lune a disparu et, la fatigue aidant, personne n'a pu réussir à s'orienter. S'ils ont quitté Jérusalem par l'est de la ville, ils ne reconnaissent pas le paysage de basses collines plus à l'est du Mont des Oliviers. Arthur Smith semble connaître la route et les conduits sans hésitations sur une piste au milieu du désert. Après plusieurs heures de routes rocailleuses, la piste s'enfonce dans un chaos rocheux jusqu'à une gorge profondément encaissée par une rivière. Leur guide laisse la voiture à proximité du cours d'eau et les invite à le suivre sur un sentier entre les rochers. 


La lueur du jour naissant leur révèle, au détour d'un coude formé par le lit de la rivière, quelques bâtiments ruinés, qui devaient s'adosser à la falaise calcaire. En s'approchant, Rachel reconnaît les vestiges d'un petit prieuré ou monastère chrétien, pouvant remonter aux dernières croisades au moins sur la base des décors de type roman parmi les blocs éparpillés au sol. Arthur Smith les conduit jusqu'au porche d'une église dont ne subsiste qu'un pan de l'élévation. Le chœur, creusé dans la falaise, est dans l'ombre des premiers rayons du soleil. Les investigateurs distinguent toutefois une silhouette imposante tenant une torche à la main, sous l'arc d'un passage voûté ouvrant à droite de l'autel.
Vêtu d'une robe de bure élimée, le personnage qui les accueille est impressionnant par sa carrure, large d'épaule, il mesure 2 m environ. D'un geste de la main, il les invite à le suivre vers une salle de chapitre où une dizaine de moines sont assis. L'un d'entre eux, encore plus imposant que celui qui les a conduit ici, se lève et leur adresse des salutations polies de sa voix basse et rauque, en anglais. Son visage, caché par la capuche, est peu visible mais il semble massif. 
"Je vous remercie d'avoir fait confiance à Arthur. Je me présente, je me nomme Père Siméon, abbé de la communauté des Cachés. Dieu vous a conduits jusqu'à nous. Nous avons un ennemi commun et il est sur le point d'arriver à ses fins. Nous reparlerons de tout ça quand vous vous serez reposés." 
Epuisés de fatigue, les investigateurs se laissent conduire jusqu'à leurs cellules dans un dédale de tunnel par leurs hôtes. Les cellules individuelles sont spartiates, faiblement éclairées par une torche, mais elles offrent quelques heures de repos bienvenues.



le dimanche 26 juin, en journée : le monastère de Saint Thaddée


Après quelques heures de sommeil, le Père Siméon revient accompagné d'un frère qu'il présente sous le nom de Georges. Il réunit les investigateurs dans la salle du Chapitre, qui doit servir aussi de réfectoire, car on leur sert un ragoût de mouton accompagné de légumes, au goût prononcé de réchauffé. Une consultation de la montre à gousset de Warren permet de constater qu'il est presque midi dans ce monde souterrain.
Georges prend la parole et, d'une voix basse mais douce, leur présente l'histoire sainte. Il s'agit d'une version qui diverge sensiblement de celle lue dans les évangiles et entendue au cours des offices par les nord-américains. En effet, évangélisée par Saint Thaddée il y a plus de 2000 ans, cette communauté était plus corrompue que d'autres. Leur accointance avec le démon (qui n'est pas nommé Lucifer mais par un nom inconnu aux oreilles des investigateurs : un certain Nyarlathotep) avaient atteint un degré tel qu'ils doivent depuis tenir une ascèse rigoureuse. C'est avec effroi, que les visiteurs apprennent que par "ascèse rigoureuse", il faut comprendre "uniquement de la viande animale et conserver les humains pour les grandes occasions". Frère Georges aborde enfin les autres membres de son peuple, ceux qui ne sont pas convertis, qui ont dévorés tous les missionnaires, et ceux, moins corrompus, avec qui ils ont des contacts plus ou moins réguliers. 
A cet instant, alors que les investigateurs restent bouche bée à l'issue du monologue de Frère Georges, le Père Siméon dépose devant Pete sa casquette volée il y a quelques semaines à Berlin : "Vous avez dû rencontrer nos sœurs berlinoises, si je ne me trompe ?". Puis, il reprend : "Nous vous avons aidé à sauver votre amie. Maintenant nous avons besoin de vous. Nos peuples s'ignorent mais nous sommes des alliés objectifs. Un démon dort sous la ville. Nous le nommons Baal, mais il a bien d'autres noms ...". Le Père explique que Saint Thaddée a réussi a détourner sa communauté du culte de ce démon. "Durant de nombreux siècles des magiciens trompeurs et hypocrites, sont venus d'Occident, certains portant la croix, pour le réveiller et nous chasser de nos tunnels ancestraux. Ils ont heureusement disparu, ayant été chassés par les mahométans. Nous n'avons pu retourner dans nos cavernes mais depuis personne n'a tenté de réveiller Baal. Cependant, depuis quelques temps les porteurs de la croix sont revenus pour réaliser la prophétie de Saint Thaddée". 
"Quelle prophétie ?" interroge Warren. 
"Après nous avoir convertis,Thaddée s'est enfoncé sous terre, pour lutter avec Baal. Quelques jours plus tard, il est revenu, s'est enfermé dans une cellule et y a écrit son Apocalypse. Il y annonce qu'un jour, Baal réclamera une femme, une humaine, et qu'il engendrerait l'Antéchrist. Je crains que ce moment ne soit venu..."
Sous le choc de ces révélations, les investigateurs passent une nuit blanche à discuter. Il leur faut admettre certaines vérités allant à l'encontre des certitudes qu'ils avaient dans la Foi chrétienne et définir leur position quant à ces étranges alliés qui semblent désigner le Professeur Von Scharssen comme un très dangereux personnage. Le lundi matin, ils font part de leur plan au Père Siméon : Arthur doit les ramener à Jérusalem, où ils iront acquérir de la poudre. Ensuite, ils s'introduiront sur le chantier de fouilles du Professeur pour observer les vestiges archéologiques en cours de dégagement et, le cas échéant, tenter d’empêcher la réalisation de la prophétie de Saint Thaddée.




Le lundi 27 mai, après-midi : il était une fois une colline en paix

Après avoir récupéré la voiture de Pete et s'être équipé au souk en munitions et en barils de poudre, les investigateurs parcourent la piste menant au chantier du Professeur Von Scharssen. Situé dans la plaine à l'est de Jérusalem, le site est clos d'une palissade mais en terrain découvert et une approche discrète est impossible. Rachel, Pete et Warren décident de garer la voiture sur une colline à un kilomètre environ et d'observer le chantier aux jumelles en attendant la nuit. Toutefois, les jumelles juste sorties de leur étui, ils remarquent que les ouvriers sont attroupés et semblent quitter l'enceinte du chantier alors que plusieurs camions bachés démarrent et remontent la piste dans leur direction. Pete démarre la voiture et poursuit sur la route afin de ne pas être repéré. Au bout de quelques kilomètres il fait demi-tour et remonte la piste pour prendre en filature le convoi.
La poursuite, à distance respectable, les ramène en direction de Jérusalem. Avant d’entreprendre l'ascension de la route menant à la ville sainte, les camions tournent sur leur gauche et prennent une route étroite et sinueuse qui attaque le flanc nord du Mont des Oliviers. Cette petite route est cahoteuse et se finit en cul de sac sur un léger replat. Quatre camions y sont arrêtés. Les investigateurs y jettent un œil rapidement, leurs plateaux arrières sont vides. Ils remarquent un petit sentier à flanc de colline, circulant entre les oliviers et menant à un chaos rocheux, où il se poursuit entre deux blocs par un étroit passage.
C'est à la lumière d'une lampe à pétrole qu'ils pénètrent dans ce boyau taillé dans la roche, Pete en tête suivi de Rachel et de Warren, tenant chacun leur revolver au poing. L'étroit passage s'élargi une fois le bouchon de blocs passé pour former un tunnel aussi haut que large, au sol en cuvette, formant un cylindre de 3 m de diamètre environ. Aucune trace de creusement ni de taille avec des outils n'est décelée par Rachel. Une formation géologique par circulation des eaux, caractéristique de ces milieux karstiques, pourrait être envisagée selon l'archéologue. 
Le tunnel est légèrement en pente et les pas résonnent sur la roche nue. Au loin, des bruits de bottes se font parfois entendre confirmant la proximité des personnes qu'ils poursuivent. Les investigateurs ralentissent alors le pas afin de maintenir une distance de sécurité. La progression est aisée, l'air frais semble circuler assez bien dans cette cavité.
Au bout d'une vingtaine de minutes de marche, alors que les bruits de botte disparaissent au loin, des gémissements se font entendre ainsi que des grincements, évoquant un métal lourd frottant sur la roche. L'air devient un peu plus moite et le courant d'air initial disparaît peu à peu. Au bout d'une à deux heures de progression, le tunnel s'élargit pour former une suite de cavernes quasi circulaires reliées entre elles par des conduits plus étroits. L'air est vicié, une puanteur putride prend les narines. Quant à la lampe à pétrole, alors que Pete remonte la mèche et la recharge régulièrement, son aura lumineux est de plus en plus faible, ne dévoilant bientôt plus qu'un mètre carré de pénombre. 
Les investigateurs sont saisis par un chant guttural dont ils ne comprennent pas le sens, entonné par plusieurs voix masculines situées non loin. A une dizaine de mètres, une caverne, plus large que les précédentes, est éclairée par des torches. Une approche discrète les conduit à bonne distance pour observer la scène : au centre de la caverne se dresse un cercle de monolithes de pierre noire, contrastant avec la blancheur du calcaire, gravés de larges symboles étranges. Des hommes vêtus d'une tunique blanche portant une croix pattée rouge forment un cercle entre ces pierres et une large vasque en métal sombre occupe le centre de la caverne. Le cercle compte une dizaine d'homme. Ils psalmodient dans un latin dégénéré, incompréhensibleVon Scharssen, les bras écartés, conduisant le chant, se dresse devant la vasque. A ses pieds, est étendue le corps d'une jeune femme, les cheveux bruns défaits, inerte. Dans la vasque, un liquide noir bouillonne. De celui-ci s'étend plusieurs tentacules, explorant les abords du récipient et s'approchant de la jeune femme.  
N'écoutant que leur courage ou leur inconscience les américains pénètrent dans la caverne, armes au poing. Le tir de Pete vise Von Scharssen, alors que Rachel et Warren ajustent les templiers les plus proches. Le Professeur est éloigné et le tir manque de justesse, alors que les templiers se retournent et dégainent leur Lüger. Se cachant dans des anfractuosités de la roche, les investigateurs tentent de maintenir un feu nourri sur les templiers, alors que Von Scharssen semble hors d'atteinte et que les tentacules s'enroulent lentement autour du corps de la jeune femme. Ses hommes de main n'ont pas tous eu le temps de trouver refuge derrière les monolithes et les tirs ont fait mouche. Warren en décompte une demi-douzaine au maximum ... L'affaire ne semble pas si compliquée. 
Un pointe acérée entame le dos de Pete et le pousse brutalement hors de sa cachette. Tombé au sol, il se retourne et voit s'avancer vers lui une silhouette vêtue d'une cotte de maille rouillée et d'une tunique de templier en lambeaux. Il ne peut définir le visage de son adversaire, entre lambeaux de chair en putréfaction et mâchoire apparente, qui dresse une épée longue rouillée. Effrayé, il ne doit son salut qu'à l'intervention du Père Siméon qui décapite le mort-vivant d'un coup d'épée. Alors qu'il se relève et tente de trouver un abri, Pete remarque autour de lui le combat au corps à corps qui s'est engagé entre une dizaine de templiers morts-vivants et leurs étranges alliés venus les secourir. 
Les tentacules ont atteint le plafond de la caverne et soulève dans les airs le corps de la jeune femme. La peur semble lui avoir permis de retrouver quelques facultés : elle hurle de terreur dans un cri désordonné dans lequel se mêlent effroi et folie. Warren et Rachel ont reculé à l'abri des frères du monastère et continuent de nourrir un feu constant sur les hommes de Von Scharssen. Une balle atteint Pete à la jambe et lui rappelle sa position vulnérable. Il doit choisir entre trouver un abri et foncer dans le tas pour stopper Von Scharssen.
Le feu nourri de Rachel et Warren lui permet d'atteindre le cercle et d'ajuster son tir d'une main sûre. Il touche Von Scharssen d'une balle dans la tête. Alors que le Professeur s'effondre, ses hommes de mains sont pris d'assauts par les moines du Pére Siméon. Les psaumes du Professeur se sont tus avec lui. La bête tentaculaire recule dans la vasque, libérant au passage la jeune femme qui s'écroule au sol, secouée de convulsions.
Le Père Siméon s'approche de la jeune femme et la maîtrise. Il l'examine rapidement puis il appelle Warren et lui demande de la prendre en charge, avant de tirer sa révérence : " Vous nous avez aidés, je vous en remercie. Il a été facile de vous suivre. Arthur est nos yeux en surface, il vous a suivi depuis votre départ et nos tunnels forment un long réseau, cela nous a permis de vous venir en aide rapidement. Vous en aviez besoin. Baal est retourné dans les entrailles de la terre, maintenant vous savez ce qu'il vous reste à faire. Quant à la jeune femme, je vous laisse le soin de décider de son sort. Apparemment, aucune fécondation n'a eu lieue mais je ne sais si elle recouvrira la raison ... Enfin, sachez que notre monastère vous sera toujours ouvert si vous en retrouvez le chemin".
Sur ce Warren et Rachel conduisirent la jeune femme à l'extérieur du tunnel. Quant à Pete, il se saisit des petits barils de poudre et se souvint de cet hiver dans le nord de la France en 1917 quand il faisait effondrer les tranchées avant l'arrivée des troupes allemandes ... il y a des vérités qui ne doivent pas être révélées.