lundi 26 mai 2014

Les Masques de Nyarlathothep - Suite des notes du journal de Lisa Mary Jane Evans

Compte-rendu des 7° et 8 ° séances de la campagne des Masques de Nyarlathotep, d'après les extraits du journal de Lisa Mary Jane Evans.

Shanghai, plan des concessions occidentales, 1912




Samedi 22 juin

Nous arrivons à Shanghai dans un port très agité et bondé de monde. Nous remarquons tout de suite la forte présence militaire et l’ambiance tendue de la ville. Nous apprenons qu’une grève généralisée a bloqué le port et que plusieurs rues sont coupées. De nombreux ouvriers sont morts pendants ces grèves et les mouvements anti-occidentaux sont grandissants.

Nous sommes abordés par un jeune homme vêtu à l’occidental et parlant un anglais quasi-parfait.  Il se nomme Li-Wen-Cheng et nous propose de servir de guide contre une petite rétribution quotidienne. Ne connaissant pas le mandarin, nous acceptons son offre. Il nous emmène à notre hôtel et nous renseigne sur les différents quartiers à éviter.

Nanking Road, Shanghai, photographie Lisa Mary Jane Evans

Nous décidons d’aller tout de suite au Tigre trébuchant, adresse indiquée sur le paquet d’allumettes retrouvé sur Jackson Elias, malgré la réticence de Li qui semble surpris par notre choix. Le Tigre trébuchant se situe en effet dans un quartier de bars et de tripots, bien peu recommandable pour de simples touristes.
Arrivés dans ce bar miteux, nous discutons avec le barman, un métis dénommé McChum, et lui posons quelques questions sur les meurtres mentionnés dans les journaux qui se seraient produits dans le quartier et impliqueraient une chauve souris géante. Un peu bourru mais tout de même coopératif, il nous indique l’établissement de Mme Gee, « Filles en fleurs », où se serait déroulé le massacre.

Gary se dévoue pour aller dans ce tripot et glaner quelques informations. Il rencontre Mme Gee qui lui montre la pièce du meurtre : la chambre est sens dessus dessous, le sommier cassé, le buffet brisé et la pièce éclaboussée de sang de haut en bas. La personne assassinée ici s’appelait Reparita Wong et travaillait depuis peu dans l’établissement. Elle était en compagnie d’un habitué, un commerçant des docks, qui a été massacré avec elle. Leurs corps ont été trouvés par une autre fille, Jade. Celle-ci se confie à Gary et lui raconte qu’avant que Reparita s’installe dans cette chambre, une fille du nom de Choi-Mei-Ling travaillait ici avant d’être vendue dans une autre maison. Cette dernière a été renvoyée car elle insistait pour garder un certain John, un américain, dans sa chambre. Il s’agissait d’un client régulier : plutôt grand, cheveux courts, le teint mâte, mal rasé, qui semblait très inquiet.
Gary se rend alors au 140 Lantern Street, dans le nouvel établissement de Choi-Mei-Ling, mais il apprend que cette dernière s’est enfuie.

De retour avec nous au Tigre trébuchant, nous questionnons McChum sur Jackson Elias dont il ne semble rien savoir. En revanche, son visage se transforme à la mention de Jack Brady. Celui-ci lui aurait sauvé la vie. Après quelques hésitations, il nous confie que Jack serait parti – ou en partance - pour Rangoon avec un certain Charlie Grey qui trempe dans le trafic d’armes avec l’Amérique du Sud. Il ne l’a pas vu depuis 2-3 semaines.

Nous quittons le Tigre trébuchant car Li est de plus en plus inquiet. Sur le chemin, Angela et Gary remarquent deux forment humaines avec des capuchons qui semblent nous surveiller. Nous faisons accélérer le touc-touc mais les formes nous prennent en chasse : les touc-toucs se séparent, Angela et moi sommes poursuivis jusqu’à une grande artère où notre touc-touc se fracasse contre un marchand de légumes. Encore sonnée par la chute, Angela me traine jusqu’à un magasin où nous nous cachons. Quelques minutes plus tard, je tente de voir comment va notre tireur de touc-touc quand j’aperçois que celui-ci s’est fait massacrer, le bras coupé. Angela me tire à nouveau en arrière et nous utilisons des larges corbeilles en osier pour nous dissimuler et sauter dans un autre touc-touc. Nous arrivons saines et sauves à l’hôtel mais il s’en est fallu de peu une fois de plus. Nous voilà mis au parfum après seulement 24 heures à Shanghai.

Dimanche 23 juin

Li nous retrouve au matin et nous apporte des calibres 32 comme nous lui avions demandé. Nous ne pouvons rester dans cette ville sans armes.

Nous décidons d’aller du côté des docks pour voir si le Vent d’ivoire, que nous avions vu à Londres en partance pour Shanghai, serait dans les parages. Après quelques tours dans le port et un passage à la Capitainerie, nous apprenons que le bateau est toujours présent. N’apercevant personne sur le ponton, nous tentons de monter à bord. Nous tombons nez à nez avec le Capitaine et apprenons qu’il se nomme Lars Torvak. Notre baratin semble avoir peu d’effet sur lui et Angela parvient habilement à l’endormir avec une de ses seringues. A quai depuis plusieurs semaines, probablement bloqué par les grèves, nous trouvons un paquebot complètement vide, sans matelots à bord. Après une fouille rapide dans la cabine du Capitaine, nous en savons un peu plus sur le parcours du Vent d’ivoire : il serait passé par Malte, Le Caire, la côte est africaine, l’Australie et la Chine.
Dans les cales, il ne reste plus que 5-6 caisses en bois estampillées Ho Fong Import. A l’intérieur, des statuettes, des pendentifs de facture antique ou égyptienne portent des glyphes d’un alphabet inconnu. Certaines statuettes ont des bras supplémentaires, des malformations, d’autres, plutôt étranges, pourraient vaguement évoquer une forme humaine. A leur vue, Gary , pourtant peu sensible à la nervosité, s’énerve et fracasse la marchandise. Profitant du sommeil profond de Torvak nous pouvons quitter le navire.

Shanghai, cité chinoise, scène prise sur le vif, photographie Lisa Mary Jane Evans

Nous poursuivons notre chemin vers le Club des navigateurs. Un article du courrier de Shanghai mentionnait la présence d’étranges créatures dans le quartier. Arrivés sur place, nous remarquons qu’il s’agit d’un club-hôtel assez select. En parlant avec la personne de l’accueil, nous apprenons que Charlie Grey est venu ici il y a un an et qu’un certain John Smith y a passé deux nuits. Vingt-quatre heures plus tard, la façade de sa chambre s’est effondrée. En sortant, nous discutons avec un ivrogne qui prétend avoir tout vu de la scène : c’était une nuit où il faisait particulièrement chaud, quand des pieuvres sur pattes seraient sorties de l’eau et auraient attaqué le bâtiment.

Nous continuons alors sur les pistes glanées dans les journaux et nous rendons au Jardin des Nuages Pourpres d’Automne dans lequel des moines ont péri dans l’incendie d’un pavillon. Le rapport météo de la journée décrivait une journée très humide, sans air : des conditions peu propices aux sauts de flammes décrits dans l’article. Li nous conseille sur le cérémoniel à suivre dans le temple. Nous parvenons à discuter avec des moines qui nous apprennent qu’un braséro renversé serait à la base de l’incendie. Les trois moines décédés étaient accompagnés d’un européen dont la description pourrait correspondre à celle de ce fameux John. Celui-ci serait parvenu à s’enfouir une fois de plus. Les bonzes étaient des spécialistes de la littérature Sung (littérature traditionnelle médiévale, relative au confucianisme), de l’histoire chinoise parfois liée aux sociétés secrètes. Ces sociétés existent depuis le Moyen-Âge et se sont développées au XIXème siècle. Mais les meilleurs spécialistes de ces sociétés secrètes sont toutefois au musée de Shanghai.

Lundi 24 juin

Suite à nos investigations de la veille, nous décidons d’aller au musée de Shanghai afin d’obtenir des informations et des contacts sur les personnes susceptibles d’en connaitre un peu plus sur les sociétés secrètes, comme les moines des Jardins Pourpres nous l’avaient conseillé. Li qui connaît bien le conservateur du musée, Mr Mao, m’introduit auprès de lui tandis qu’Angela et Gary visitent le musée. Mr Mao étant spécialiste de la peinture du XVIIIè siècle, il n’a pas de connaissances poussées sur les sociétés secrètes mais il me fournit une liste de personnes à rencontrer qui s’y connaissent sur le sujet :
Victor Ollister : Cité chinoise, « L’empereur Jaune » (fumerie d’opium)
Chun Xu : Cité chinoise, ancienne bibliothécaire du Musée, connue par Li
Don-Guan Wing : Cité chinoise, boutique
Jiao Zhao : Cité chinoise, astrologue
Mu Hsien : Cité chinoise

Je rejoins Angela et Gary qui, lors de leur visite, ont été intrigués par une jarre représentant, au sommet d’une colline, une femme avec des protubérances semblables à des bras et des bourrelets ainsi que des caractères calligraphiques incomplets faisant allusion à quelque chose de féminin d’après Li.
Nous quittons le musée et Gary nous fait part de ses inquiétudes : depuis quelques temps, il a l’impression que nous sommes suivis par une personne en costume traditionnel.


Shanghai, cité chinoise, scène prise sur le vif, photographie Lisa Mary Jane Evans

Nous poursuivons notre journée en nous rendant chez M. Lung, un astrologue dont nous avons vu l’annonce dans le journal. Intrigués par son message, Gary et Angela ont particulièrement envie de le rencontrer, même si Li et moi sommes dubitatifs. Nous entrons dans une pièce lourdement chargée, avec plusieurs tentures et paravents, des tables basses et des coussins ainsi que de nombreuses amulettes. Après avoir pris nos dates de naissance, Lung commence à nous prédire des généralités et Angela nous surprend en prenant la parole et en profite pour lui poser quelques questions sur Choi-Mei-Ling.
Je ne sais pas pourquoi nous avons été attirés par ce chat qui miaulait à la fenêtre, peut-être est ce à cause de l’attitude étrange de l’astrologue face à lui, mais Gary décide de lui ouvrir la fenêtre et de le laisser entrer. Lung pâlit à la vision du chat, hurle et se saisit d’un sabre qu’il brandit devant l’animal. Le chat se transforme en une bête démoniaque d’une taille imposante, atteignant le plafond, et se jette sur Lung. Gary et moi tirons sur le chat qui semble insensible à nos balles. Le démon envoie valser Lung d’un coup de patte. Li, effrayé et suivant les ordres de Gary, s’enfuie à toutes jambes de la pièce. Angela qui faisait semblant d’être évanouie jusqu’à présent, se redresse et déclame une litanie dans une langue inconnue, aux sonorités inquiétantes, en direction du chat en brandissant une statuette. A ce moment là, je ne sais si je crains plus Angela ou ce chat démon. Tandis que j’essaie de me saisir du sabre de Lung, le démon m’ouvre le ventre d’un coup de griffe et je perds connaissance pour un certain temps. La douleur s’emparant de moi, je n’arrive plus à suivre ce qu’il se passe exactement. J’entrevois Gary donner des coups de sabre au chat, qui reste de marbre et comme hypnotisé par les paroles d’Angela. Ces formules semblent efficaces puisqu’elle parvient à le maîtriser et à le faire partir. Le visage d’Angela n’est et ne sera probablement plus jamais le même. Nous allons voir Lung qui semble mort tandis qu’Angela, le visage déformé et défiguré, part en courant et en hurlant, d’un cri à glacer le sang, dans les rues de Shanghai. Li arrive avec du secours et nous emmène à l’hôpital. Même s’il semble choqué lui aussi, il nous raconte qu’il connaissait des légendes de chat-démon mais qu’il n’en avait jamais vu.

Mardi 25 juin

Je sors de l’hôpital, encore bouleversée par notre rencontre de la veille et inquiète de l’état d’Angela dont nous n’avons aucune nouvelle.
Prenant son petit déjeuner à l’hôtel, Gary reçoit un message de Li : un homme, le Père Hunt, serait à la recherche d’Angela. Gary entre en contact avec cet homme que, je rencontrerai un peu plus tard, et nous raconte qu’il a fait connaissance d’Angela lors du trajet Londres-Shanghai. Il a été extrêmement intrigué par les échanges qu’ils ont eus et est prêt à nous aider. Même si nous sommes un peu méfiants à son égard, toute aide pourrait être précieuse et nous acceptons sa proposition, surtout que Li, lui aussi, semble avoir disparu.
Encore trop faible pour sortir, je me repose dans ma chambre alors que Gary et père Hunt partent à la recherche de Li. Ils sont accostés par un dénommé Isoge Taro qui dit à Gary qu’il connaît Brady de réputation et s’intéresse à Ho-Fong de près. Il reste très mystérieux mais donne sa carte d’hôtel (le Métropole) et son numéro de chambre pour le contacter. Gary reconnait en lui la personne qui nous suivait depuis un certain temps. Enfin, Gary reçoit un nouveau message « Si vous voulez revoir votre ami vivant, rendez-vous rue Kaoyang ». Nous essayons d’alerter la police chinoise sur l’enlèvement de Li mais celle-ci reste impassible, suffisamment occupée par les menaces de guerre civile pesant sur la ville. A nouveau, il va falloir nous débrouiller seul.


[Fin de la partie le 25/06/1925 en fin de journée]

samedi 5 avril 2014

Les Masques de Nyarlathothep - intermède entre Londres et Shangaï


Une fois les dépositions prises par Scotland Yard, Lisa, Angela, Gary et Mary sont rendus à leur liberté. Pour Barrington, l’affaire des Meurtres à Soho qui déclenchait les gros titres de la presse à scandale est réglée. Sa version donnée à la presse est celle d’une affaire mêlant scandale sexuel et financier, traite des blanches et bourgeoisie aux mœurs inavouables. E. Gavigan, propriétaire du manoir où se déroulaient les réunions orgiaques, est absent de Londres et n’a pu être entendu par la police. S’il semble lié à cette affaire, aucun élément ne semble associer avec certitude la fondation Penhew aux agissements de ces individus.

L’état psychologique d’Angela fait craindre le pire à ses compagnons. Ses crises d’angoisse sont quasiment continues depuis leur retour à Londres et il faut lui retirer tout objet pouvant faire office de stylet au risque de lire des glyphes inconnus gravés sur les bancs publics londoniens ou les meubles de sa chambre. Ses yeux creusés et sa peau blanchâtre attestent de longues nuits d’insomnie, durant lesquelles son esprit harcelé est en proie à des pensées malveillantes nées d’un demi-sommeil hallucinatoire. Lisa et Gary préfèrent éloigner Angela des lieux et des lectures qui ont dû la traumatiser. Quant à Mary, elle rejoint sa librairie londonienne, après avoir été informée par Lisa de la raison de leur présence à Londres et des doutes qu’ils ont sur la réalité du mal auquel ils ont été confrontés. Les deux femmes, liées par la souffrance et l’angoisse de l’enfermement dans les souterrains de la Maison Misr, ont décidé de rester en contact.

Eastbourne Pier

Lisa et Gary décident de rejoindre Eastbourne, à proximité de Brighton, et de confier Angela à une maison de repos, réputée, située non loin de la station balnéaire, The Burlington Manor. A Eastbourne, Gary et Lisa y trouvent ce qu’ils recherchaient : du calme, loin de l’agitation londonienne, pour accompagner Angela dans son repos, des clubs de sport pour s’entraîner au tir et des hôtels déserts en cette morte saison pour pouvoir reprendre l’étude des textes impies en leur possession et préparer un long voyage jusqu’à Shangaï, étape importante du voyage de J. Elias et où diverses pistes convergent (trafic d'objets rares, J. Brady aurait été aperçu en Chine ...).

La chambre d’Angela est vaste, colorée et fleurie. En retrait de la côte, au milieu des prairies de la campagne du Sussex, la belle maison victorienne ouvre vers le sud, dominant les étendues de plage d’Eastbourne. Les soins prodigués par le docteur Albert Easley consistent en cures de repos forcées par la prise de barbituriques et des comas insuliniques, particulièrement recommandés dans le cas de troubles schizophréniques graves. Après deux mois de soin, l’état d’Angela se stabilise. Albert Easley souhaite la conserver au repos encore quelques semaines de plus. En effet des symptômes l’intriguent. Outre les glyphes qu’Angela continue de dessiner à la craie sur les murs de sa chambre, mais qui semblent inoffensifs pour le corps médical, dans son attitude ses proches ont remarqué un détachement inhabituel par rapport aux contingences matérielles. Il s’agit peut-être d’un effet secondaire des comas forcés et de la prise quotidienne de barbituriques. Toutefois, ses nuits sont plus paisibles et son corps est reposé. La quiétude de la campagne anglaise a semble-t-il été réparatrice, avec les déjeuners printaniers sur la terrasse, les longues siestes et les soirées consacrées à la musique de chambre et à la lecture des romans anglais du XIXe (ses compagnons ont pris soin d’expurger la liste des ouvrages autorisés les œuvres des Shelley, des Brontë et Byron, en ne conservant que Walter Scott).

Quant à Lisa et Gary, logés au Grand Hotel, ils bénéficient du luxe et des services de ce genre d’établissement. Ils se sont tout d’abord inscrits dans un club de sport, s’exerçant au tir et s’initiant à l’escrime, et ont pu prendre tous les renseignements nécessaires pour préparer leur départ pour  Shangaï. Dès que l’état d’Angela s’améliore et qu’une date de sortie est avancée par le corps médical,  Lisa et Gary réservent leurs places à bord du paquebot The Britannic, qui quitte Southampton le lundi 25 mai en direction de Hong-Kong, de là ils pourront rejoindre Shangaï. L’arrivée est prévue aux alentours du samedi 22 juin.

Lisa a profité du calme et du secret qu’accordent ces établissements pour se plonger dans la lecture des ouvrages et des clichés en sa possession. A son grand désarroi, elle constate que la dégradation des clichés du Livre d’Ivon progresse. Tous les positifs sont touchés au même rythme que les négatifs. Plusieurs dizaines sont encore partiellement lisibles mais ce sont des paragraphes le plus souvent incomplets et sans suite annihilant toute exploitation des documents. En revanche, les clichés du Manuscrit Pnakotique sont toujours lisibles, mais Lisa en entreprend la lecture fébrilement après avoir reconnu, en marge du texte, les glyphes que dessine Angela depuis quelques semaines. Les fragments décrivent certains mythes des continents perdus d’Hyperborée et d’Atlantis. Tous ces éléments semblent décrire l’apparition de l’humanité et s’inscrivent en faux, point par point, avec les textes bibliques et les théories Darwiniennes. Un extrait fait frémir Lisa qui consacre plusieurs nuits à l’analyser et à le recouper avec d’autres : « Et l’homme, après sa naissance, arpentait la surface de la Terre, stupide et nu. Les Êtres Ailés descendirent du ciel pour nous apporter la connaissance qui nous manquait, ce que nous ne savions pas. » Les tentatives de déchiffrage du Livre d’Ivon et l’étude des autres clichés du Manuscrit ont accaparé l’attention de Lisa, nourrissant d’inquiétude Gary qui la voyait disparaître pendant une ou deux journées. Elle se réserve pour le voyage l’étude de l’ouvrage volé à la Maison Misr intitulé Sociétés secrètes de tous les âges et des tous les pays.

dimanche 30 mars 2014

Les Masques de Nyarlathothep - Notes du journal de Lisa Mary Jane Evans

Compte-rendu de la 6° partie des Masques de Nyarlathotep. L'état de santé d'Angela Hopper ne lui permet plus de tenir ses notes à jour. Voici les extraits du journal de Lisa Mary Jane Evans


Jeudi 12 février 1925

Suite à notre mésaventure avec ce fou de Shipley, Gary nous convainc de se pencher sur les affaires qui se trament autour de La Pyramide Bleue. Je le suspecte de s’intéresser davantage à cette Yalesha, cette fille qui m’a l’air de petite vertu, mais soit, nous ne pouvons laisser de côté cette piste.
C’est ainsi que le soir même, nous décidons d’un plan pour observer ce qui se passe autour du club : Angela et moi restons dans la voiture dans une rue perpendiculaire à celle de la Pyramide Bleue, tandis que Gary observe discrètement les allers et venues à l’angle de la rue. Nous convenons d’un signal d’alerte à l’arrivée du camion.
Comme décrit par Yalesha, un petit camion s’approche de la Pyramide Bleue aux alentours de minuit. La nuit empêche Gary de distinguer les visages mais il est clair que quelque chose de louche se tisse autour de ce club !

Le camion repartant, je démarre la Ford pour le prendre en filature, après avoir récupéré Gary. Il nous conduit en dehors de la ville, en direction du nord-est, jusqu’à une petite ville de bord de mer, Clacton-on-Sea, à plus de 2 h de Londres.
Ces petites routes sont certainement plaisantes en journée, mais se révèlent fort pénibles la nuit, et la fatigue m’étreignant, je commence à désespérer de cette poursuite, quand tout à coup, le camion emprunte un petit chemin de terre qui mène à une grille et à un long mur. Je stoppe la voiture au bord du chemin pour ne pas nous faire remarquer. Constatant que le camion avait franchi la grille, nous tentons une approche afin de voir éventuellement un nom sur une boite aux lettres ou sur une plaque.
J’ai bien peur qu’une fois de plus,  nous n’ayons pas été très discret, et nous avons juste le temps de nous dissimuler dans les arbustes lorsque des individus ouvrent la grille et marmonnent quelques mots en arabe qui me semblent être de l’égyptien. Une fois partis, nous parvenons à approcher la grille et apercevons le nom de « Villa Misr » (je reconnais le terme égyptien pour nommer l’Egypte).
Gary, toujours en quête d’action, a particulièrement envie d’entrer dans la propriété mais Angela et moi sommes un peu refroidies et surtout non armées !
Malgré la frustration de Gary, nous repartons dans la ville de Clacton-on-Sea et prenons un hôtel pour le reste de la nuit.

Promenade de bord de mer à Clacton-on-Sea

Vendredi 13 février 1925

Après une courte nuit, nous profitons du petit déjeuner pour discuter avec notre hôte de la mystérieuse propriété. Angela est, comme à son habitude, particulièrement habile pour entamer la conversation et l’hôtelier nous apprend qu’il s’agit d’un vieux manoir, entouré de marais qui bordent le long de mer. Il appartenait à la famille Walton mais a été racheté récemment.
Je lui fais part de mon intérêt pour cette demeure et il nous conseille d’aller à l’administration du district pour glaner plus d’informations. L’employée nous apprend qu’il a été acheté il y a 2 ans par E. Gavigan, au nom semble-t-il de la Fraternité du Pharaon Noir  !! Le misérable !! Le scélérat !!
Ni une ni deux, nous nous adressons au chief constable de la police locale mais impossible de faire entendre raison à ces agents qui sont, somme toute, assez ruraux. Il faut passer par Scotland Yard. Malgré nos doutes sur la loyauté de Barrington, nous l’appelons pour lui donner nos dernières informations.

En attendant la réaction de Scotland Yard, nous profitons de cette belle journée et de l’air marin pour louer une  petite barque afin de découvrir les marais et approcher les environs de la maison.
Je dois avouer que ces marais ont leur charme et nous profitons de la promenade jusqu’au moment où nous apercevons une île habitée. Elle est reliée  à un autre rivage par un ponton où une navette est attachée. Une magnifique demeure, qui semble correspondre à la description de Walton House, se discerne entre les arbres. Nous remarquons rapidement qu’au moins deux personnes travaillent dehors.


La Maison Misr (ex Walton House) (Metropolitan Police archives)

Je ne sais ce qui nous a poussé à nous jeter dans la gueule du loup mais nous décidons d’accoster sur l’île, à l’abri de quelques buissons.
Une fois de plus, notre maladresse nous coûte cher et les personnes qui s’affairaient à l’extérieur du manoir s’approchent de nous. Prise de panique et inconsciente du danger, je sors du buisson en prenant mon air le plus détaché et bourgeois, tout en interpellant les personnes du manoir. Pendant ce temps, Gary reste planqué et Angela file discrètement le long de la plage.
Malheureusement, les employés sont beaucoup plus agressifs que je ne l’imaginais et après leur avoir adressé quelques mots, l’un d’eux s’approche de moi et me plante un coup de couteau dans le ventre sans que je ne puisse réagir. Je ne saurai décrire la douleur que je ressentis à ce moment là ; tout se troubla. Je compris cependant que Gary et Angela répliquèrent à l’agression mais malheureusement l’ennemi était davantage armé qu’eux. S’en suivit une bagarre à laquelle j’assistai impuissante, la douleur envahissant mon ventre, et m’évanouis.


[---]

Une odeur de terre battue et d’humidité me réveille, mes yeux sont troubles, mon ventre est affamé et je sens que mes mains sont ligotées dans mon dos. Ma vue se faisant plus nette, j’aperçois Angela et Gary dans la même position que moi. Je remarque que ma plaie a été soignée et nous sommes miraculeusement sains et saufs. Une jeune femme se trouve avec nous dans la cellule, elle aussi ligotée et nous dit qu’elle s’appelle Mary Tomescu. Ces derniers souvenirs la ramènent à la fondation Penhew où elle a été probablement assommée, alors qu’elle était à la recherche d’ouvrages d’égyptologie pour la librairie dans laquelle elle travaille. Puis elle s’est réveillée ici en notre compagnie.

Angela remarque que les cordes qui lui lient les mains ne sont pas serrées. Elle parvient à sortir un scalpel qu’elle avait toujours sur elle. Nous voilà libérés de nos liens ! Cette femme est décidément pleine de ressources !
Nous mettons en place un stratagème pour nous sortir de cette cellule. J’appelle à l’aide en disant que ma blessure me fait mal et que je suis assoiffée. Un homme arrive et a juste le temps de se pencher sur moi que Gary l’étrangle avec ses lacets de chaussure, Angela lui plaque ses mains sur la bouche pour qu’il n’hurle pas tandis que je lui donne un coup de pied bien placé. Notre  homme maîtrisé, nous le bâillonnons, et l’emprisonnons dans la cellule.

Une exploration rapide des lieux nous fait comprendre que nous sommes probablement dans le sous-sol du manoir. Par chance, il n’y avait qu’un seul garde. Plusieurs cellules se succèdent mais une pièce différente attire notre attention où nous trouvons plusieurs objets, certains d’origine égyptienne (des poignards, des vêtements cérémoniels), des livres d’occultisme (dont « Secret Societies of Old Ages and Countries » que nous prenons avec nous) et un petit cahier inventoriant un commerce d’objets d’art dont je m’empare.
Tout à coup, des bruits de tambour résonnent à l’extérieur et semblent s’approcher de la maison. Pris de panique, nous cherchons une sortie qui nous mène dans un grand salon. En regardant par les fenêtres, nous entrevoyons ce qui pourrait s’apparenter à une cérémonie : un grand foyer entouré d’une série de poteaux sur lesquels nous distinguons des silhouettes, nues, les jambes écartées. Plusieurs dizaines de personnes sont réunies autour, chantent et psalmodient, se tournant vers ce qui ressemble à une grande forme humaine, tenant une croix ansée dans une main et un sceptre dans l’autre. Je ne sais si ma captivité m’a joué de mauvais tours, mais je jurerais avoir vu des formes reptiliennes en train de se dresser, prenant une forme humanoïde et tentant un accouplement avec les prisonniers.

A la fois dégoûtés et affolés, nous décidons de sortir rapidement par une fenêtre, à l’opposé de la cérémonie. Malheureusement, à l’emplacement où nous avions laissé notre barque, nous constatons avec effroi qu’elle ne s’y trouve plus. En revenant sur nos pas, deux puis quatre individus rodent de ce côté du manoir, armés de gourdins. Au même moment, il me semble qu’une grande lueur blanche est en train de former un dôme sur l’île.
Pris de panique, je vois Angela se jeter à l’eau et nous nous empressons de la suivre. Autant dire que ces marais sont immondes. Les branchages, la boue et la vase rendent très difficiles la nage et avancer dans ces marais s’avère être un véritable calvaire. A tel point que notre équipe se retrouve séparée : Angela et Mary, fatiguées,  se réfugient dans des broussailles et hautes fougères, tandis que nous essayons d’atteindre l’île la plus proche avec Gary. Le bruit de moteur d’une navette nous alerte et Gary décide de rebrousser chemin pour aider Angela et Mary. La navette passe, fort heureusement, devant Angela et Mary sans les apercevoir, tandis que Gary, n’écoutant que son courage, s’accroche à la navette.
Pendant ce temps, j’atteints la rive d’une autre île. J’assiste alors à une lutte sans merci entre Gary et les deux individus armés de gourdin.  Gary parvient à se débarrasser de ses deux ennemis mais touché, tombe à l’eau et semble évanoui. Je nage vers lui et parvins, non sans difficultés, à le ramener à terre. Impuissante, je n’ose abandonner Gary pour chercher du secours. C’est alors que, pris au dépourvus, un coup de lampe torche nous éclaire et je reconnais Barrington et ses hommes. Nous voilà en partie sauvés !

Pendant ce temps, Angela et Mary essaient de rejoindre le ponton. Je ne sais quelle force a poussé Angela à regarder du côté de la cérémonie : elle aurait aperçu des formes fantomatiques, des choses ailées qui copulent avec les humains. Mais je crois que la pauvre est en plein délire, ce sont les seules explications que nous aurons, Mary n’ayant rien vu. Je ne reconnais plus cette chère Angela, son regard autrefois si vif, si acéré, est aujourd’hui complètement vide, comme perdu.
Mary nous relate les faits qui suivirent : les policiers de Scotland Yard seraient arrivés très rapidement et auraient tiré sur l’assemblée cérémonielle.

Vendredi 20 février

A Scotland Yard, Barrington nous informe que l’affaire est classée. Le manoir a pris feu, plus aucune trace ne persiste de l’incident. L’enquête est close pour Scotland Yard. Ce fourbe de Gavigan est introuvable…et la fondation Penhew reste hors du scandale pour Barrington.

Consternés, nous laissons Angela et Mary se reposer et nous partons avec Gary sur les docks où le Vent d’Ivoire est toujours à quai, pour une période indéterminée. Nous ne guetterons pas son départ et décidons de partir pour Shanghai quand Angela ira mieux.
Fatiguée, je ne songe qu’à me changer et à retourner à la pension où Miss Cunighan nous recevra certainement comme elle sait si bien le faire. Mais arrivés là-bas, c’est un nouveau drame qui nous accueille : la pension a été pillée, Miss Cunighan est effondrée. Nous faisons un point sur nos affaires qui semblent au complet, mis à part les photographies du Livre d’Ivon qui sont, par je ne sais quel procédé, mystérieusement noircies.

[Fin de la partie le 20/02/1925]

samedi 22 mars 2014

Les Masques de Nyarlathothep - les notes d'Angela Hopper - partie 4

Voici le compte-rendu de la 5° séance de la campagne des Masques de Nyarlathotep, rédigée par la joueuse du docteur Angela Hopper (les notes et pensées du psychiatre Hopper sont en italique)

[En route pour Londres : voyage sur le Bismarck du 3 février au 10 février 1925]

Alors que le Bismarck fendait les vagues en direction de l'Angleterre, Lisa et Angela poursuivaient, grâce aux photographies qu'elles avaient pu faire, l'étude des ouvrages de la bibliothèque d'Arkham.

L'incantation pour appeler les êtres ailés doit être lancée au dessus d'une profondeur sous-marine ou à proximité d'une porte (qui donnerait sur une autre dimension?).
Sont souvent cités : Antarctique et le milieu Atlantique.

La lecture affectait de plus en plus les deux jeunes femmes. Alors que les rêves de Lisa n'étaient plus que visions d'étendues glacées parcourues par des chasseurs vêtus de peaux de bêtes, Angela, elle, continuait de noircir sans s'en rendre compte son calepin de symboles oméga.

Une fois arrivé à Londres, après avoir débarqué plus tôt dans la matinée du 10 à Portsmouth, l'équipe se rend dans le quartier de Brompton à la pension de Miss Cunighan.

[Mercredi 11 février]

Direction Scotland Yard.
L'inspecteur Barrington se souvenait parfaitement d'Elias. Il l'avait rencontré en décembre 1924.
Elias avait appris par M.Mahoney des informations sur les meurtres qui depuis deux ans avaient fait une dizaine de victimes dans le quartier de Soho. Ces meurtres visaient des égyptiens ainsi que  des occidentaux, toujours dans le même quartier. Il soutenait qu'il s'agissait de meurtres rituels perpétrés par un culte égyptien nommé la « Fraternité du pharaon noir ».
Lors de leur rencontre Elias avait semblé tendu. Au passage, l'inspecteur nous expliqua que Mahoney, un type sérieux à la base, avait peu à peu dû s'adapter aux exigences de la feuille de choux pour laquelle il travaille afin de gagner sa vie. Quelques recherches conduites au British Museum et à la fondation Penhew permirent de constater que ce culte n'existait plus et que les rituels qu'on lui rattachait étaient différents : les victimes étaient frappées à mort puis brûlées.

Un rapide examen des victimes mis en avant quelques éléments.
Miss Lauren Richard, journaliste australienne : coups puis noyade.
Miss Shafikarawadam : institutrice, contusions, blessures à la poitrine. Odeur de brûlé mais décès dû aux coups.
Les comptes-rendus faisaient parfois écho d'un poignard mais la majorité des victimes portaient des blessures à la poitrine.
Tous avaient fréquenté le club de la Pyramide Bleue à Soho. Ce club de danse orientale, dirigé par Abdul Nawisha avait été mis sous surveillance policière en 1923 sans que cela ne donne de résultats.

Les bus à impériale ont surpris Angela Hopper, Lisa prit ce cliché à sa demande

M. Gavigan reçut les investigateurs à la fondation Penhew. Il confirma connaître Elias depuis décembre 1924. Ce dernier lui a semblé charmant bien que l'équipe constata rapidement qu'il lui donna peu d'information.
Le journaliste semblait intéressé par l'égyptologue Aubrey Penhew.
Gavigan ne connaissait pas Carlyle avant 1918. Il ne comprenait d'ailleurs pas l'intérêt porté à Dashur. Pour lui, Carlyle avait de nouvelles informations pour Aubrey Penhew grâce à l'intervention d'une femme africaine. L'objectif de cette expédition à Dashur était de retrouver les tombes des différents souverains pour comprendre la chronologie de leur règne. Les nouvelles informations semblaient préciser la localisation d'une tombe remontant à une époque ancienne durant laquelle un sorcier aurait régné sur l'Egypte.
Une fois l'expédition arrivée sur site, la femme disparut avec les 3500 livres qui formaient les fonds de l'expédition. Suite à cet événement, Hypatia proposa de faire un safari pour trouver de nouveaux fonds avec les photos qui seraient faites. Tout cela est bien connu dans les journaux.

Une partie des objets issus de l'expédition étant disponible, l'équipe pu les examiner. Le reste est conservé au Caire.
Le petit groupe fût bien déçu de ne voir que quelques céramiques sans grand intérêt à leurs yeux. Par contre ils apprirent que Gavigan était un ancien élève de Penhew. La fondation Penhew, par ailleurs ne finance que des recherches sur l'Egypte.
Ils apprirent aussi que la secte du Pharaon noir est liée à ce sorcier qui aurait régné en Egypte et que son culte existait durant l’antiquité.

« Cet homme ne nous dit pas tout », me souffle O'Brien, son instinct de flic irlandais lui parle peut-être ...
Un rapide examen de la cour nous permit de voir qu'un camion chargeait des pièces depuis le rez de chaussé de la fondation. Intrigués, nous avons sauté dans le premier taxi pour suivre le camion jusqu'aux docks de Lime house.
Les craintes du chauffeur à s'engager dans ces rues et la présence d'individus aux intentions plus que discutables nous obligea à rebrousser chemin sans pousser plus loin notre enquête dans ce quartier.

[Bureau de Mikey Mahoney, Scoop]

Mahoney était un homme que tout désignait comme en proie à des difficultés financières.
Il se souvenait parfaitement d'Elias qui lui avait promis une histoire sur un culte londonien qui aurait fait la une des journaux. Pour lui ce culte aurait des ramifications jusque dans les plus hautes sphères de la société. Elias avait profité de sa visite au Scoop pour étudier ses archives sur les meurtres égyptiens et sur Miles Shipley. Un article du Scoop expliquait que ce jeune artiste, peut-être dans la même mouvance que les expressionnistes européens, comme cet Otto Dix dont nous avons pu admirer des eaux-fortes à New-York, produisait des tableaux atroces avec des paysages étonnants.

[Club de la Pyramide Bleue]

Accompagné de Mahoney, nous sommes allés au club de la Pyramide Bleue.
Surpris de voir des « couples » dans ce lieu habituellement masculin, Abdul nous fît rentrer immédiatement.
Clairement fréquenté par les membres de la communauté égyptienne, Lisa et moi constatâmes avec mépris que ce club ne se composait pas que de gentlemen. En effet nos fûmes importunées par un bellâtre du nom de Sire Edward qui semblait très intéressé par Lisa, dont la haute naissance saute aux yeux dès le premier instant. Heureusement, l'intervention d'Abdul nous épargna le moindre désagrément supplémentaire. Par ailleurs, Abdul nous donna l'impression d'être un gentleman fort charmant. A L'inverse, notre ami O'Brien semblait complètement avoir oublié les raisons de notre visite, trop occupé à détailler les courbes d'une jeune égyptienne à demi-nue sur ses genoux.

Comme convenu au club, O'Brien retrouva la jeune Yalesha, qu'il avait rencontrée un peu plus tôt.
Cette dernière lui expliqua qu'elle vivait dans la peur et que la vue de la plaque de détective d'O'Brien, dépassant de sa veste, l'avait poussée à lui donner ce rendez-vous. Elle avait besoin de l'aide du détective pour l'emmener loin de ce lieu. En effet son ami Muhammar avait disparu depuis de nombreuses semaines. La mort de son amie Alaya, un an plus tôt, confortait son sentiment d'insécurité.
Depuis quelques temps, Muhamar vivait de petits boulots. Il a été enlevé, tout comme Alaya, dans la rue du Club de la Pyramide à une période où il travaillait sur les docks.
La méthode semble toujours la même : plusieurs fois par mois, un camion passe après minuit, souvent entre le 12 et le 18, et emmène une douzaine de personnes.

Pour elle les meurtres sont clairement liés à un culte et son amie Alaya connaissait même les membres de ce culte.

Par la suite, une visite des docks s'imposa. Nous y trouvâmes un grand bateau de marine marchande nommé « Le vent d’ivoire ». Malheureusement nous ne pûmes nous approcher. Si O'Brien ne nous avait pas alerté sur la présence d'hommes se rapprochant de nous cachés derrière des caisses je suppose qu'une fois encore nous nous serions retrouvés dans un fameux pétrin !

[Jeudi 12 février]

[Chez Miles Shipley]

La maison de Shipley, pauvre et peu reluisante dans à l'image de certaines rue de l'East End, voyait chacune de ses baies occultées par d'épais tissus.
Accueillis par la mère de Shipley, la première chose  qui frappa les investigateurs fût de constater l'amour flagrant et l'immense fierté que cette dernière avait de son fils.

Le déséquilibre de la façade révèle la nature malsaine de ce quartier 
(cliché pris par Lisa Mary Jane Evans avant de rendre visite à l'artiste Miles Shipley)

Elle fût ravie de voir des visiteurs (et accessoirement de potentiels acheteurs) et conduisit aussitôt le petit groupe dans l'atelier de l'artiste.
L'attention de Lisa fût tout de suite captée par une série de toiles entassées contre l'un des murs de la chambre.
L'une présentait la vision d'une montagne depuis laquelle s'élevait une colonne rouge, où on distinguait un temple avec des orants. Ce paysage lui évoqua aussitôt une note d'Elias dans son journal mentionnant une « montagne aux vents noirs » !  Un second tableau reproduisait à l'identique les étendues glacées que Lisa parcourait dans ses rêves depuis quelques nuits.

Cliniquement, ce garçon présentait de nombreux symptômes de névroses et autres troubles du comportement. Cloîtré dans l'obscurité de son atelier, il ne prêta quasiment aucune attention à notre présence. Très amaigri, j'ai tout de suite compris que ses troubles psychologiques l'affectaient depuis longtemps. 
Alors que notre intérêt évident pour ses œuvres le détourna de son ouvrage en cours, le jeune Shipley entrepris de nous présenter une pièce qui de toute évidence faisait sa fierté. Remisée dans l'unique placard de la chambre, elle était dissimulée sous un drap.
Quand il ôta le voile, le tableau qu'il nous présenta figurait un sombre marécage au centre duquel on distinguait un autel en pierre et de nombreux serpents.
L'ambiance un peu exceptionnelle, la fatigue de notre enquête et l'usure me donnèrent un instant le sentiment d'entendre le clapotis de l'eau alors que l'autel se faisait de plus en plus réaliste. Réalisant que les éléments mystiques qui entourent l'affaire sur laquelle nous sommes commençaient à avoir trop de prise sur moi, il me parût évident qu'il me suffirait de confronter mes sens à la réalité du tableau pour mettre fin à ce début d’hallucination.
Comment dire... une fois encore notre espèce se fourvoie !! Je sais ce que j'ai vu lorsque ma main à traversé le tableau vers cette dimension autre, je sais combien la morsure du froid m'a glacée alors que je retirais ma main de ce qui de toute évidence ne pouvait être !!! Ce fou avait par je ne sais quel moyen réussi à établir un pont entre notre monde et un autre !!!!

Les bruits de l'eau captivaient Lisa et O'Brian quand ces derniers virent avec effroi Angela passer sa main a travers le tableau. Bien qu'elle la retira aussitôt, nul n'aurait pu douter du geste qu'elle venait d'accomplir devant eux.
L'instinct de survie prenant le dessus sur la perplexité, ils virent alors que la mère de Shipley ne se trouvait plus dans la pièce, mais qu'à sa place se trouvait un énorme lézard. Dès qu'il croisa leurs regards, le lézard se faufila en direction du tableau.
Se glissant devant Angela, il provoqua une sorte d'électro-choc qui sortit la jeune femme de son hébétement. Elle eut tout juste le temps de le saisir alors qu'O'Brien réussissait à le blesser.
Prise de panique, le docteur Hopper saisit son scalpel et lacera la toile jusqu'à ce qu'il n 'en reste plus rien.

Le calme revenu, le jeune Shipley fût neutralisé à l'aide d'un puissant sédatif.
Un examen des lieux montra de vieilles seringues pleines d'un liquide verdâtre nauséabond mais étrangement attractif...
Une fois dans la cave, un passage habilement dissimulé donna accès à une pièce des plus étranges.
A l'intérieur, des étagères étaient pleines à craquer d'étranges fioles, sur les murs des symboles étaient peints dont certains ressemblaient sans aucun doute possible à ceux des écrits pnacotiques.
Des livres étaient entassés en plusieurs piles, leurs couvertures ne pouvant se rattacher à rien de reptilien ou d'humain. A l'intérieur, une écriture inconnue sur terre augmentait le malaise régnant.

Nous avons laissé le jeune Shipley dans le jardin. Lisa prenant soin de refermer sa main sur le message que nous avions faussement rédigé au nom de sa mère et dans lequel cette dernière lui faisait ses adieux. Alors que le feu allumé par O'Brian prenait de l'ampleur, nous prenions la fuite en priant pour que les flammes ne préservent rien de cette demeure du chaos !

[Fin de la partie le 12/02/1925]

vendredi 21 mars 2014

Les Masques de Nyarlathothep - les notes d'Angela Hopper - partie 3

Voici le compte-rendu de la 4° séance de la campagne des Masques de Nyarlathotep, rédigée cette fois-ci par la joueuse d'Angela Hopper (les commentaires et pensées du docteur Hopper sont en italique) : la fin de l'épisode New-Yorkais avant le départ pour Londres.

[Direction Arkham, train de nuit New-York - Boston, correspondance pour Arkham au matin du mardi 27 janvier 1925]

Les gens dorment-ils en ce moment ? Certains cherchent-ils dans la nuit paisible l'étoile qui les guide et les protège ? J'ai beau regarder je ne vois rien, rien mis à part le fantôme de Freeman et l'ombre de la Mort qui rôdent autour de nous.

[Arkham]

Arrivée dans la ville d'Arkham, Angela Hopper s'empressa de retrouver Lisa (et Barny Black, son body-Gard) à la pension de Miss Sweet. Les relations étant bonnes avec Myriam Atwhight, l'accès aux documents qui les intéressaient fût aisé. Ainsi Lisa et Angela se mirent rapidement à l'étude du Livre d'Yvon, des Ecrits PnacotiquesLa bibliothécaire leur apprit aussi que le docteur Armitage, un anthropologue qui travaille sur les premières populations du Massachusetts) avait demandé l'accès au livre Le peuple du monolithe mais que ce dernier avait disparu.

The Special Collections - Miskatonic University

Pour Angela, revenir dans la bibliothèque où elle avait passé tant de temps durant ses études avait quelque chose de galvanisant. Grâce à son ancien mentor, le professeur Wilman, les deux jeunes femmes purent même faire des photographies des livres.


Ouvrage : Les écrits Pnacotiques
Langue : anglais tardif
Date : fin du Moyen Âge
Ouvrage sur nations perdues d'hyrperborée. Parle de Jupiter et du continent engloutie « R'lye ».
L'auteur présente ces textes comme la traduction de parchemins grecs incomplets connus sous le nom PNACOTIKA. Ils seraient à l'origine des Tesserae.

[New-York]

O'Brien quant à lui avait pris l'importante décision de démissionner de la police de New-York pour rentrer au service de l'agence de détectives Pinkerton. Une habile négociation lui permet de poursuivre ses investigations pour le compte de Lisa.
Alors que les forces de police avaient rapidement balayé le meurtre d'Elias au rang des affaires classées, la persévérance d'O'Brien ancra encore plus solidement la soif de justice de l'équipe !

Grâce à son bagou il obtint une entrevue avec Miss Carlyle. Toujours accompagnée de Joe Corey et de Bradley Grey, cette dernière mit rapidement fin à la conversation. De toute évidence, la peur que les petits secrets de cette importante famille fassent la une des journaux l'emportait sur l'importance de leur aide pour résoudre un meurtre...
Par la suite, de rapides recherches montrèrent en effet que la presse mondaine faisait régulièrement son beurre grâce aux frasques de Roger. On lui prêtait entre autre une relation avec Hypatia Master !

[Arkham]

Les écrits que j'étudie semblent expliquer un sort pour contacter les « êtres ailés ».Semblent être des entités extra-terrestres.

Perdue dans la lecture de son ouvrage, Angela était-elle en mesure de constater ses longues absences intellectuelles durant lesquelles elle noircissait encore et encore les mêmes symboles étranges, qui ressemblaient à s'y méprendre à du grec ? Se rendait-elle compte qu'au plus profond de la nuit elle avait profondément gravé l'un de ces symboles sur le montant boisé de son lit...

Nous avons été prises en filature en sortant de la bibliothèque !!! Ils sont partout ! Bien sûr ils n'ont pas poussé la bêtise en nous suivant lorsque nous avons pris la fuite mais nous savons qu'ils nous traquent !!!

Les éléments en possession du groupe sont maigres. Il leur faut rencontrer les membres de la fondation Penhew à Londres pour les éclairer sur les motivations de l'expédition Carlyle.  


[Fin de la partie le 29/01/1925]