mercredi 24 juillet 2013

pour bien préparer Les Masques : créons des personnages !


En prévision de notre première séance (à partir de la mi-septembre ?), afin de gagner du temps et de vous permettre de réfléchir au personnage que vous souhaiteriez incarner et d'assurer l'insertion de tout le monde dans la campagne, je vais vous demander de préparer un petit peu votre personnage. Il s'agit de guides et de conseils pour vous trois, vous êtes bien sur libre de proposer ce que vous souhaitez si vous n'y trouvez pas votre bonheur. Les seules contraintes sont un personnage de bonne société et/ou baroudeur (anciennement ou actuel), et ayant une raison de résider (même temporairement) sur la côte Est des USA en fin d'année 1924.






Tout d'abord, l'état civil :

Nom : ______ Prénom : ______
Occupation : ________ Âge : ________
Profession : _________ Sexe : _______
Personnalité : ________ Nationalité : ________

Pour l'occupation et la profession vous pouvez piocher dans la liste suivante :

OCCUPATION :              PROFESSIONS :
Artiste                         écrivain, peintre, sculpteur, photographe, danseur, musicien...
Baroudeur                     aviateur, marin, globe-trotter, chasseur, plongeur, pilote...
Détective                     policier, privé, enquêteur, inspecteur, agent fédéral...
Dilettante                     oisif, héritier, hommes d'affaires, diplomate... 
Explorateur                   archéologue, cartographe, ethnologue, anthropologue... 
Homme de foi                spirite, médium, prêtre, missionaire... 
Journaliste                    reporter, photographe, journaliste... 
Médecin                       généraliste, infirmier, légiste, psychologue... 
Militaire                        officier, vétéran, mercenaire... 
Universitaire                  professeur, étudiant, scientifique, chercheur...

N'hésitez à proposer une profession qui ne serait pas dans la liste. 

Pour la personnalité, vous pouvez choisir dans la liste au moins deux adjectifs suivants (par rapport à soi même puis en relation avec autrui) ainsi qu'un trait de personnalité : 

a/ par rapport à soi même

• Sage, raisonnable / Capricieux, envieux, avide, insatiable / Épicurien
• Inexpressif, énigmatique, mystérieux / Expressif
• Confiance en soi, assurance / Aucune confiance en soi
• Modeste, humble / Prétentieux, orgueilleux, suffisant
• Paresseux, fainéant / Travailleur, studieux 
• Léthargique, mou, apathique, mollasson / Actif, dynamique 
• Long à la détente / Réactif, vif 
• Courageux, brave, intrépide / Lâche, peureux, craintif 
• Narcissique / Haine de soi, pas d'amour propre 
• Mature, précoce / Puéril, gamin 
• Triste, blasé, dépressif, négatif, sinistre, pessimiste, sordide, grave / Joyeux, jovial, positif, enjoué, optimiste, enthousiaste 
• Sensible, hypersensible, nostalgique / Insensible, Cœur de pierre 
• Idéaliste, irrationnel / Réaliste, rationnel 
• Téméraire, audacieux, casse-cou, sans scrupules, inconscient / Prudent, avisé, timoré, scrupuleux, attentif, vigilant 
• Coquet, élégant, soigné, raffiné / Négligé 
• Malin, rusé, astucieux, malicieux / Innocent, niais 
• Intelligent / Idiot, stupide, simplet, benêt 
• Adroit, agile, habile / Maladroit, gauche, malhabile 
• Gourmand / Frugal 
• Bon joueur / Mauvais joueur 
• Cultivé / Inculte, ignorant 
• Étrange, bizarre / Ordinaire, banal 
• Compliqué, illogique / Logique, sensé 
• Propre / Sale, bordélique, dégoûtant 
• Attentif, concentré / Dissipé, distrait, étourdi, rêveur, pensif 
• Perfectionniste, consciencieux, méticuleux, soigneux / Négligent, expéditif 
• Délicat, qui a du tact, subtil, sagace, enjôleur / Direct, bourru, bourrin 
• Calme, réfléchi, posé / Impulsif, irréfléchi, tête-brûlée 
• Assidu / Procrastinateur 
• Ponctuel / Jamais à l'heure 
• Serein, décontracté / Agité, nerveux, stressé, anxieux, angoissé 
• Discret / Bruyant, grande gueule 
• Juste, objectif, partial, droit / Injuste, subjectif, impartial 
• Économe / Dépensier 
• Complexé / Décomplexé, bien dans sa peau 
• Vieux jeu / Moderne 
• Sain / Fou 
• Hystérique / Flegmatique 
• Concis, laconique / Prolixe 
• Persévérant / Abandonne facilement 
• Morbide, glauque / Enfantin, adorable, mignon 
• Insouciant / Responsable 
• Ambitieux / Oisif 
• Calculateur, prévoyant / Spontané, imprévoyant 
• Complexe d'infériorité / Complexe de supériorité 
• Matérialiste / Spiritualiste 
• Naturel / Superficiel 
• Efficace, compétent / Inefficace, incompétent 
• Doué, talentueux / Bon à rien 
• Qui a de la personnalité, excentrique, extravagant, fantasque / Fade, insipide 
• Indépendant / Dépendant 
• Organisé, ordonné, rigoureux / Désorganisé, désordonné 
• Lunatique, bipolaire / Stable, constant 
• Patient / Impatient 
• Doué pour réconforter / N'arrive pas à réconforter 

b/ relation avec les autres 

• Gentil, attentionné / Méchant, mal-attentionné, sadique, sardonique, mauvais, pernicieux, persécuteur, tyrannique 
• Associable, renfermé, hostile, froid, distant / Sociable, amical, chaleureux, ouvert, affectueux 
• Introverti, timide / Extraverti, exubérant 
• Conformiste, docile / Provocateur, agitateur, fauteur de troubles, rebelle, cynique 
• Obéissant / Désobéissant, indiscipliné 
• Honnête, sincère, digne / Menteur, hypocrite, mythomane, affabulateur 
• Taciturne / Bavard, loquace 
• Méfiant / Confiant 
• Respectueux, courtois, convenant, solennel, galant, civilisé / Insolent, irrespectueux, dédaigneux, obscène, effronté, indécent, indiscret, hautain, arrogant, présomptueux, condescendant, culotté, familier, odieux, goujat, sauvage 
• Généreux, partageur, charitable, magnanime, bon, noble / Égoïste, pingre, avare, radin, possessif, mesquin 
• Altruiste, à l'écoute / Égocentrique, fier 
• Jaloux / Complaisant 
• Sérieux / Espiègle, facétieux 
• Sympathique, agréable, plaisant, empathique / Antipathique, désagréable, agaçant, insupportable 
• Compréhensif, flexible / Indécis, versatile / Têtu, entêté, obstiné, buté, borné, opiniâtre, tenace, tête de mule, inflexible 
• Naïf, crédule, dupe / Incrédule, lucide, clairvoyant, perspicace 
• Chaste / Pervers, vicieux 
• Réglo, intègre, fair-play / Manipulateur, diabolique, fourbe 
• Loyal, franc / Traître, perfide, sournois, déloyal, accusateur, balance, rapporteur 
• Opportuniste, profiteur / Désintéressé 
• Intimidant / Rassurant 
• Imperturbable, non-influençable / Impressionnable, influençable, malléable 
• Surprenant, amusant, drôle / Ennuyeux, chiant 
• Brutal / Doux 
• Pudique / Exhibitionniste 
• Tactile, câlin / N'aime pas le contact 
• Susceptible, colérique, irascible, soupe au lait, tempétueux / Accommodant, garde son sang-froid, paisible 
• Clément, compatissant, indulgent, tolérant / Impitoyable, cruel, sévère, intolérant, strict 
• Aimable / Acariâtre, grognon, râleur, grincheux, désobligeant, revêche, ronchon 
• Pacifique / Agressif, violent, bagarreur 
• Fidèle / Faux-cul (amitié), infidèle, volage (amour) 
• Séducteur, charmeur, dragueur / Coincé 
• Passif / Curieux, fouineur, qui se mêle de tout 
• Persuasif, convaincant / Pas convaincant 
• Poli / Vulgaire, grossier 
• Dominant, autoritaire, meneur, leader / Suiveur, insignifiant, dominé, soumis 
• Expansif / Réservé 
• Rancunier / Qui n'est pas rancunier 
• Joueur / Récalcitrant, qui ne se prête jamais au jeu 
• Approbateur / Critique 
• Fougueux, passionné / Langoureux, tendre / Placide 
• Misanthrope / Philanthrope 

c/ traits de personnalité 
• Taquin 
• Ironique, sarcastique 
• Masochiste 
• Auto-critique 
• Fou (de façon modéré, en société ce trait n'est pas apparent) 
• Raciste 
• Sexiste (macho, misogyne ou misandrie) 
• Féministe 
• Xénophobe 
• Railleur 
• Voleur, cleptomane 
• Radoteur 
• Pique-assiette 
• Superstitieux 
• Névrosé 
• Schizophrène (de façon modéré, en société ce trait n'est pas apparent) 
• Psychopathe (de façon modéré, en société ce trait n'est pas apparent) 

Ensuite, l'historique : 
Motivation : ___________
Histoire personnelle : ______________

Pour la motivation, il s'agit en quelques mots de préciser les motivations personnelles profondes qui pousseront votre personnage à sortir de son quotidien : le goût de l'aventure, la collection d'antiquités, la sensibilité artistique, la curiosité, l'ennui, l'érudition, la soif de connaissance, l'orgueil ... Bien sûr cela doit être en cohérence avec la personnalité choisie et l'histoire personnelle. 
Pour l'histoire personnelle, donnez en quelques lignes des détails sur le lieu de naissance, son enfance, les choix de sa vie et son métier, ses motivations, sa famille, ses amis, etc... A partir de vos idées, je vous proposerais des éléments pour faire entrer votre personnage dans la campagne. 


Enfin, les compétences liées à la profession et au loisir du personnage :

Vous pouvez en présélectionner certaines, on s'occupera des jets de dés des caractéristiques et de la répartition des points entre les compétences une prochaine fois. 

bureaucratie
culture artistique
langues
sciences : humaines, de la terre, de la vie, formelles, occultes...
bricolage
criminalistique 
hypnose 
médecine 
métier 
photographie 
pratique artistique 
premiers soins 
psychanalyse 
survie 
bibliothèque 
discrétion 
dissimulation 
écouter 
orientation 
pister 
psychologie 
se cacher 
trouver objet caché 
vigilance 
baratin 
contact et ressources 
crédit 
imposture 
interroger 
jeu 
négociation 
perspicacité 
persuasion 
savoir-vivre 
armes à feu 
armes blanches 
armes exotiques 
artillerie 
athlétisme 
conduite 
corps à corps 
équitation 
navigation 
piloter 

La fiche de personnage V6 en pdf peut être téléchargée ici :
http://www.tentacules.net/toc/toc_/matos/fiche.pj.v6.pdf

en version éditable : 
http://www.tentacules.net/toc/toc_/matos/fiche.pj.editable.v6.pdf


Faites moi suivre vos retours, on échangera puis on passera aux caractéristiques chiffrées ... 


à votre imagination !

L'Appel de Cthulhu - Le livre des révélations partie 3 : Jerusalem (2/2)

fin du compte-rendu de la partie du 05 avril 2013
suite et fin du scénario "grand écran" de Casus Belli # 95 (première formule), par Tristan Lhomme



Jérusalem, le 25 juin, au soir : la demeure de Von Scharssen


La surveillance dure toute la fin d'après-midi devant la lourde porte du mur d'enceinte de la maison bourgeoise. Aucune allée et venue n'est à signaler. En fin de journée, une légère fumée s'échappe de la petite cheminée en brique, confirmant l'occupation de la maison. Cette longue surveillance a été mise à profit pour repérer un étroit espace entre l'enceinte et une maison mitoyenne où des gravats permettront d’accéder au sommet du mur. La nuit tombée, éclairés par un rayon de lune, Rachel, Pete et Warren gravissent le mur et sautent dans le jardin. Devant eux se dressent une maison s'élevant sur deux niveaux. Les volets du rez-de-chaussée sont tous fermés et seul un rayon de lumière éclaire le jardin dans le dos de la maison. S'avançant discrètement jusqu'à l'embrasure, intrigués par le savoureux fumet épicé qui s'en échappe, ils remarquent une vieille dame, habillée de vêtements orientaux, leur tournant le dos et affairée autour de ses ustensiles de cuisine. Warren jette plusieurs graviers sur le béton de la terrasse afin d'attirer son attention. Celle-ci s'approche de la fenêtre et se penche à la recherche de la source de ce bruit, s'exprimant en arabe. C'est alors que Pete la fait basculer à l'extérieur et la frappe violemment à la nuque, l'assommant d'un coup net. Il bâillonne alors la vieille dame et l'attache, l'abandonnant au pied de la fenêtre. 
L'intérieur de la cuisine est en fouillis mais semble désert. Au centre de la pièce un moucharabieh laisse passer de l'air frais, de part et d'autre de celui-ci deux portes donnent accès au reste de la maison. La porte de droite ouvre sur une longue pièce éclairée par la faible lueur de la lune. La progression est lente au milieu des meubles de salons occidentaux jusqu'au seuil d'une porte ouvrant sur une cour intérieur. Celle-ci est couronnée d'une coursive de bois, à laquelle on accède par un escalier. Alors que Pete s'apprête à gravir la première marche, il est touché d'une balle à l'épaule. Il s'effondre et rampe pour se mettre à l'abri sous le balcon, protégé par les tirs de Warren et Rachel. Deux tireurs embusqués derrière la rambarde leur bloquent le passage. Malgré sa blessure à l'épaule, Pete peut viser l'un d'entre eux et l'éliminer, alors que le second succombe sous les tirs de ses compagnons. Pete les rejoint et se fait poser un bandage rapide, la balle n'ayant pas pénétré la chair. Ayant atteint l'étage, de nouveaux coups de feu surviennent de l'autre côté du balcon. C'est Warren qui d'un seul tir abat un troisième homme. S'approchant des corps, il remarque que leurs agresseurs ressemblent aux hommes blonds en costume qu'ils ont suivi ce matin en ville. 
La maison semble dorénavant calme et silencieuse. Le balcon donne, par plusieurs ouvertures aux volets de bois ajourés, sur les pièces de l'étage.  Les investigateurs pénètrent dans un couloir ouvrant sur une enfilade de petites pièces richement meublées, aux tapis épais et aux sofas couverts de coussins et de draps de soie. Dans l'une d'elle, à l'abri derrière des moucharabiehs et des paravents, la flamme d'une bougie veille sur un corps allongé dans des draps légers. Ils découvrent le corps d'une jeune femme inanimée. Le visage est celui de Lilian Forrestal. Celle-ci semble sous l'emprise d'un puissant psychotrope. Pete et Warren décide de la porter alors que Rachel doit les couvrir. Ils sortent sans encombre de la maison et rejoignent la route de Jaffa pour rentrer à l'hôtel, se demandant ce qu'ils pourront faire pour Lilian. Celle-ci se réveille alors qu'ils franchissent la porte de la ville, elle réclame avec une voix faible son père. Warren et Rachel essaient de la faire parler mais elle ne semble que réclamer son père , en tenant des propos incohérents ("il va le rencontrer ... enfin. Père ..." ou encore "... le Messie sera engendré et foulera la terre") et ne réagit pas au nom du Professeur Forrestal. Arrivés à l'hôtel, ils obtiennent une nouvelle chambre pour loger Lilian qui s'endort rapidement.
Autour de minuit, la réception vient chercher Pete pour un appel téléphonique. La voix au téléphone n'est pas celle de Von Scharssen, ni d'un allemand, au contraire elle a même un accent britannique très prononcé : " Je suis content de voir que vous avez récupéré votre amie. Les rêves ont parfois un fond de vérité, n'est ce pas ? J'aimerais que nous nous rencontrions dans un endroit plus discret. Je vous propose, voyons ... devant le mur des lamentations dans deux heures". 




Jérusalem, le dimanche 26 juin, deux heures du matin : rendez-vous au mur des lamentations



Les investigateurs laissent Lilian à l'hôtel après lui avoir administré un puissant somnifère. Après avoir traversé les rues calmes de la vieille ville endormie, ils arrivent au pied du mur des lamentations où un homme d'une quarantaine d'année les interpellent. Il porte un vieil uniforme de l'armée britannique en toile élimée ainsi qu'un chèche d'où émergent quelques cheveux blonds cendrés entourant un visage fin, au teint mat et buriné. Il se présente sous le nom d'Arthur Smith. Son haleine chargé de whisky et de tabac aromatisé et ses tics au visage révèlent une certaine nervosité. "Ravi de vous voir. Je ne suis qu'un intermédiaire. Je dois vous transmettre une invitation de mes employeurs ... Si vous voulez bien me suivre à ma voiture". Poussés par la curiosité, les sens probablement émoussés par la fatigue, les investigateurs acceptent de suivre cet inconnu qui ne leur révèle rien quant à l'identité de ses mystérieux employeurs. 
La route est longue et cahoteuse. La lune a disparu et, la fatigue aidant, personne n'a pu réussir à s'orienter. S'ils ont quitté Jérusalem par l'est de la ville, ils ne reconnaissent pas le paysage de basses collines plus à l'est du Mont des Oliviers. Arthur Smith semble connaître la route et les conduits sans hésitations sur une piste au milieu du désert. Après plusieurs heures de routes rocailleuses, la piste s'enfonce dans un chaos rocheux jusqu'à une gorge profondément encaissée par une rivière. Leur guide laisse la voiture à proximité du cours d'eau et les invite à le suivre sur un sentier entre les rochers. 


La lueur du jour naissant leur révèle, au détour d'un coude formé par le lit de la rivière, quelques bâtiments ruinés, qui devaient s'adosser à la falaise calcaire. En s'approchant, Rachel reconnaît les vestiges d'un petit prieuré ou monastère chrétien, pouvant remonter aux dernières croisades au moins sur la base des décors de type roman parmi les blocs éparpillés au sol. Arthur Smith les conduit jusqu'au porche d'une église dont ne subsiste qu'un pan de l'élévation. Le chœur, creusé dans la falaise, est dans l'ombre des premiers rayons du soleil. Les investigateurs distinguent toutefois une silhouette imposante tenant une torche à la main, sous l'arc d'un passage voûté ouvrant à droite de l'autel.
Vêtu d'une robe de bure élimée, le personnage qui les accueille est impressionnant par sa carrure, large d'épaule, il mesure 2 m environ. D'un geste de la main, il les invite à le suivre vers une salle de chapitre où une dizaine de moines sont assis. L'un d'entre eux, encore plus imposant que celui qui les a conduit ici, se lève et leur adresse des salutations polies de sa voix basse et rauque, en anglais. Son visage, caché par la capuche, est peu visible mais il semble massif. 
"Je vous remercie d'avoir fait confiance à Arthur. Je me présente, je me nomme Père Siméon, abbé de la communauté des Cachés. Dieu vous a conduits jusqu'à nous. Nous avons un ennemi commun et il est sur le point d'arriver à ses fins. Nous reparlerons de tout ça quand vous vous serez reposés." 
Epuisés de fatigue, les investigateurs se laissent conduire jusqu'à leurs cellules dans un dédale de tunnel par leurs hôtes. Les cellules individuelles sont spartiates, faiblement éclairées par une torche, mais elles offrent quelques heures de repos bienvenues.



le dimanche 26 juin, en journée : le monastère de Saint Thaddée


Après quelques heures de sommeil, le Père Siméon revient accompagné d'un frère qu'il présente sous le nom de Georges. Il réunit les investigateurs dans la salle du Chapitre, qui doit servir aussi de réfectoire, car on leur sert un ragoût de mouton accompagné de légumes, au goût prononcé de réchauffé. Une consultation de la montre à gousset de Warren permet de constater qu'il est presque midi dans ce monde souterrain.
Georges prend la parole et, d'une voix basse mais douce, leur présente l'histoire sainte. Il s'agit d'une version qui diverge sensiblement de celle lue dans les évangiles et entendue au cours des offices par les nord-américains. En effet, évangélisée par Saint Thaddée il y a plus de 2000 ans, cette communauté était plus corrompue que d'autres. Leur accointance avec le démon (qui n'est pas nommé Lucifer mais par un nom inconnu aux oreilles des investigateurs : un certain Nyarlathotep) avaient atteint un degré tel qu'ils doivent depuis tenir une ascèse rigoureuse. C'est avec effroi, que les visiteurs apprennent que par "ascèse rigoureuse", il faut comprendre "uniquement de la viande animale et conserver les humains pour les grandes occasions". Frère Georges aborde enfin les autres membres de son peuple, ceux qui ne sont pas convertis, qui ont dévorés tous les missionnaires, et ceux, moins corrompus, avec qui ils ont des contacts plus ou moins réguliers. 
A cet instant, alors que les investigateurs restent bouche bée à l'issue du monologue de Frère Georges, le Père Siméon dépose devant Pete sa casquette volée il y a quelques semaines à Berlin : "Vous avez dû rencontrer nos sœurs berlinoises, si je ne me trompe ?". Puis, il reprend : "Nous vous avons aidé à sauver votre amie. Maintenant nous avons besoin de vous. Nos peuples s'ignorent mais nous sommes des alliés objectifs. Un démon dort sous la ville. Nous le nommons Baal, mais il a bien d'autres noms ...". Le Père explique que Saint Thaddée a réussi a détourner sa communauté du culte de ce démon. "Durant de nombreux siècles des magiciens trompeurs et hypocrites, sont venus d'Occident, certains portant la croix, pour le réveiller et nous chasser de nos tunnels ancestraux. Ils ont heureusement disparu, ayant été chassés par les mahométans. Nous n'avons pu retourner dans nos cavernes mais depuis personne n'a tenté de réveiller Baal. Cependant, depuis quelques temps les porteurs de la croix sont revenus pour réaliser la prophétie de Saint Thaddée". 
"Quelle prophétie ?" interroge Warren. 
"Après nous avoir convertis,Thaddée s'est enfoncé sous terre, pour lutter avec Baal. Quelques jours plus tard, il est revenu, s'est enfermé dans une cellule et y a écrit son Apocalypse. Il y annonce qu'un jour, Baal réclamera une femme, une humaine, et qu'il engendrerait l'Antéchrist. Je crains que ce moment ne soit venu..."
Sous le choc de ces révélations, les investigateurs passent une nuit blanche à discuter. Il leur faut admettre certaines vérités allant à l'encontre des certitudes qu'ils avaient dans la Foi chrétienne et définir leur position quant à ces étranges alliés qui semblent désigner le Professeur Von Scharssen comme un très dangereux personnage. Le lundi matin, ils font part de leur plan au Père Siméon : Arthur doit les ramener à Jérusalem, où ils iront acquérir de la poudre. Ensuite, ils s'introduiront sur le chantier de fouilles du Professeur pour observer les vestiges archéologiques en cours de dégagement et, le cas échéant, tenter d’empêcher la réalisation de la prophétie de Saint Thaddée.




Le lundi 27 mai, après-midi : il était une fois une colline en paix

Après avoir récupéré la voiture de Pete et s'être équipé au souk en munitions et en barils de poudre, les investigateurs parcourent la piste menant au chantier du Professeur Von Scharssen. Situé dans la plaine à l'est de Jérusalem, le site est clos d'une palissade mais en terrain découvert et une approche discrète est impossible. Rachel, Pete et Warren décident de garer la voiture sur une colline à un kilomètre environ et d'observer le chantier aux jumelles en attendant la nuit. Toutefois, les jumelles juste sorties de leur étui, ils remarquent que les ouvriers sont attroupés et semblent quitter l'enceinte du chantier alors que plusieurs camions bachés démarrent et remontent la piste dans leur direction. Pete démarre la voiture et poursuit sur la route afin de ne pas être repéré. Au bout de quelques kilomètres il fait demi-tour et remonte la piste pour prendre en filature le convoi.
La poursuite, à distance respectable, les ramène en direction de Jérusalem. Avant d’entreprendre l'ascension de la route menant à la ville sainte, les camions tournent sur leur gauche et prennent une route étroite et sinueuse qui attaque le flanc nord du Mont des Oliviers. Cette petite route est cahoteuse et se finit en cul de sac sur un léger replat. Quatre camions y sont arrêtés. Les investigateurs y jettent un œil rapidement, leurs plateaux arrières sont vides. Ils remarquent un petit sentier à flanc de colline, circulant entre les oliviers et menant à un chaos rocheux, où il se poursuit entre deux blocs par un étroit passage.
C'est à la lumière d'une lampe à pétrole qu'ils pénètrent dans ce boyau taillé dans la roche, Pete en tête suivi de Rachel et de Warren, tenant chacun leur revolver au poing. L'étroit passage s'élargi une fois le bouchon de blocs passé pour former un tunnel aussi haut que large, au sol en cuvette, formant un cylindre de 3 m de diamètre environ. Aucune trace de creusement ni de taille avec des outils n'est décelée par Rachel. Une formation géologique par circulation des eaux, caractéristique de ces milieux karstiques, pourrait être envisagée selon l'archéologue. 
Le tunnel est légèrement en pente et les pas résonnent sur la roche nue. Au loin, des bruits de bottes se font parfois entendre confirmant la proximité des personnes qu'ils poursuivent. Les investigateurs ralentissent alors le pas afin de maintenir une distance de sécurité. La progression est aisée, l'air frais semble circuler assez bien dans cette cavité.
Au bout d'une vingtaine de minutes de marche, alors que les bruits de botte disparaissent au loin, des gémissements se font entendre ainsi que des grincements, évoquant un métal lourd frottant sur la roche. L'air devient un peu plus moite et le courant d'air initial disparaît peu à peu. Au bout d'une à deux heures de progression, le tunnel s'élargit pour former une suite de cavernes quasi circulaires reliées entre elles par des conduits plus étroits. L'air est vicié, une puanteur putride prend les narines. Quant à la lampe à pétrole, alors que Pete remonte la mèche et la recharge régulièrement, son aura lumineux est de plus en plus faible, ne dévoilant bientôt plus qu'un mètre carré de pénombre. 
Les investigateurs sont saisis par un chant guttural dont ils ne comprennent pas le sens, entonné par plusieurs voix masculines situées non loin. A une dizaine de mètres, une caverne, plus large que les précédentes, est éclairée par des torches. Une approche discrète les conduit à bonne distance pour observer la scène : au centre de la caverne se dresse un cercle de monolithes de pierre noire, contrastant avec la blancheur du calcaire, gravés de larges symboles étranges. Des hommes vêtus d'une tunique blanche portant une croix pattée rouge forment un cercle entre ces pierres et une large vasque en métal sombre occupe le centre de la caverne. Le cercle compte une dizaine d'homme. Ils psalmodient dans un latin dégénéré, incompréhensibleVon Scharssen, les bras écartés, conduisant le chant, se dresse devant la vasque. A ses pieds, est étendue le corps d'une jeune femme, les cheveux bruns défaits, inerte. Dans la vasque, un liquide noir bouillonne. De celui-ci s'étend plusieurs tentacules, explorant les abords du récipient et s'approchant de la jeune femme.  
N'écoutant que leur courage ou leur inconscience les américains pénètrent dans la caverne, armes au poing. Le tir de Pete vise Von Scharssen, alors que Rachel et Warren ajustent les templiers les plus proches. Le Professeur est éloigné et le tir manque de justesse, alors que les templiers se retournent et dégainent leur Lüger. Se cachant dans des anfractuosités de la roche, les investigateurs tentent de maintenir un feu nourri sur les templiers, alors que Von Scharssen semble hors d'atteinte et que les tentacules s'enroulent lentement autour du corps de la jeune femme. Ses hommes de main n'ont pas tous eu le temps de trouver refuge derrière les monolithes et les tirs ont fait mouche. Warren en décompte une demi-douzaine au maximum ... L'affaire ne semble pas si compliquée. 
Un pointe acérée entame le dos de Pete et le pousse brutalement hors de sa cachette. Tombé au sol, il se retourne et voit s'avancer vers lui une silhouette vêtue d'une cotte de maille rouillée et d'une tunique de templier en lambeaux. Il ne peut définir le visage de son adversaire, entre lambeaux de chair en putréfaction et mâchoire apparente, qui dresse une épée longue rouillée. Effrayé, il ne doit son salut qu'à l'intervention du Père Siméon qui décapite le mort-vivant d'un coup d'épée. Alors qu'il se relève et tente de trouver un abri, Pete remarque autour de lui le combat au corps à corps qui s'est engagé entre une dizaine de templiers morts-vivants et leurs étranges alliés venus les secourir. 
Les tentacules ont atteint le plafond de la caverne et soulève dans les airs le corps de la jeune femme. La peur semble lui avoir permis de retrouver quelques facultés : elle hurle de terreur dans un cri désordonné dans lequel se mêlent effroi et folie. Warren et Rachel ont reculé à l'abri des frères du monastère et continuent de nourrir un feu constant sur les hommes de Von Scharssen. Une balle atteint Pete à la jambe et lui rappelle sa position vulnérable. Il doit choisir entre trouver un abri et foncer dans le tas pour stopper Von Scharssen.
Le feu nourri de Rachel et Warren lui permet d'atteindre le cercle et d'ajuster son tir d'une main sûre. Il touche Von Scharssen d'une balle dans la tête. Alors que le Professeur s'effondre, ses hommes de mains sont pris d'assauts par les moines du Pére Siméon. Les psaumes du Professeur se sont tus avec lui. La bête tentaculaire recule dans la vasque, libérant au passage la jeune femme qui s'écroule au sol, secouée de convulsions.
Le Père Siméon s'approche de la jeune femme et la maîtrise. Il l'examine rapidement puis il appelle Warren et lui demande de la prendre en charge, avant de tirer sa révérence : " Vous nous avez aidés, je vous en remercie. Il a été facile de vous suivre. Arthur est nos yeux en surface, il vous a suivi depuis votre départ et nos tunnels forment un long réseau, cela nous a permis de vous venir en aide rapidement. Vous en aviez besoin. Baal est retourné dans les entrailles de la terre, maintenant vous savez ce qu'il vous reste à faire. Quant à la jeune femme, je vous laisse le soin de décider de son sort. Apparemment, aucune fécondation n'a eu lieue mais je ne sais si elle recouvrira la raison ... Enfin, sachez que notre monastère vous sera toujours ouvert si vous en retrouvez le chemin".
Sur ce Warren et Rachel conduisirent la jeune femme à l'extérieur du tunnel. Quant à Pete, il se saisit des petits barils de poudre et se souvint de cet hiver dans le nord de la France en 1917 quand il faisait effondrer les tranchées avant l'arrivée des troupes allemandes ... il y a des vérités qui ne doivent pas être révélées.